Plus de 800 personnes attendues en Centre-Val de Loire pour fouiller la terre avec un détecteur de métaux, un événement controversé

Un grand rassemblement se profile ce week-end, entre le Loir-et-Cher et le Loiret. Plus de 800 amateurs de détection fouilleront pendant deux jours un immense terrain agricole. L'évènement, qui s'appelle Detectland, est controversé.

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Le lieu est tenu secret jusqu’au dernier moment, "un peu comme une rave party". Car il faut éviter toute triche. Les organisateurs ont beau insister sur le côté convivial de l’évènement. Ce Detectland 2024 est aussi une compétition. L’objectif est simple : trouver, à l’aide de son détecteur de métaux, le plus de jetons éparpillés sur le terrain, en l’occurrence un site agricole de 100 hectares situé entre Beaugency (Loiret) et Mer (Loir-et-Cher).

Dès 8h30 ce samedi (14 septembre) et jusqu’à dimanche (15 septembre) en fin de journée, les "détectoristes" pourront s’élancer pour dénicher ces trésors miniatures. À côté, d’autres animations seront proposées, comme "un enclos de la mort". "Vous mettez 50 personnes dans 15 m². Vous cachez des centimes. Vous leur donnez un petit appareil capable de détecter à 2 cm. Ils sont comme des sangliers pendant 3 min. Celui qui gagne le plus de centimes gagne des lots", raconte David Cuisinier l’organisateur de ce rallye, gérant également de la Boutique du Fouilleur, située à Pithiviers (Loiret). Pour cela, il aura fallu s’équiper : de 100 euros pour les modèles les plus basiques jusqu’à 2 000 euros pour les plus perfectionnés. Dans sa boutique, le panier moyen est de 300 euros environ.

Cette année, 817 personnes se sont inscrites. Un record pour un évènement qui existe depuis 2016. "C’est la seule occasion de l’année de se rencontrer", explique David Cuisinier. Mais c’est surtout "un gros outil de communication, pour montrer une bonne image de notre loisir", reconnaît-il.

Un loisir qui fait beaucoup parler

Les détectoristes sont souvent confrontés aux archéologues. Ces derniers les accusent de piller les terrains de leurs trésors historiques. En fouillant les sites, "on perd ainsi toute possibilité de le dater grâce à la stratigraphie et de tirer des conclusions à partir de la disposition des objets dans les couches archéologiques", estime la Direction Régionale des Affaires Culturelles Grand Est sur son site internet. David Cuisinier s’en défend. "Dans un champ, la terre est retournée tous les jours par les engins agricoles, à plus de 20 cm parfois. Or, on ne va pas plus loin". L'organisateur estime également que l'évènement permet de dépolluer les sols en enlevant le maximum de ferraille présente dans la terre. Pourtant le Detectland a déjà été interdit, comme en 2019 quand la Préfecture de l’Essone a pris un arrêté.

La loi encadre, en tout cas, ce loisir.

Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

Article L. 542-1 du code du patrimoine

Il est interdit de fouiller avec son appareil les sites archéologiques connus. Les détectoristes ont l’obligation de déclarer tout objet trouvé datant d’avant 1875. 

Selon David Cuisinier, 200 000 personnes en France utilisent des détecteurs de métaux en loisir. "Il me semble donc très important d’encourager la formation : on pourrait par exemple proposer des formations spécialisées pour toute personne qui se livrerait à cette activité, ou même conditionner l’octroi d’une autorisation d’utilisation au suivi de cette formation", estimait Thierry Rambaud, professeur en droit public à l’Université Paris-Cité et spécialisé en droit de l’archéologie, à Libération en 2023.

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