Toutes les organisations syndicales de la Police ont appelé à "La marche de la colère" ce mercredi à Paris. Ce rendez-vous, à 12h30 place de la Bastille, sera d'une ampleur inédite depuis 2001.
Quelques départs individuels et collectifs à Orléans, Montargis, Bourges.. deux cars à Tours et Blois, dans toute la région les policiers ont répondu à l'appel à manifester à Paris.
Cette fois tous les syndicats ont sollicité leurs troupes et n'ont pas eu de mal à mobiliser.
Il faut dire que l'ambiance est particulièrement lourde dans les commissariats.
Depuis près d'un an, avec l'accumulation des missions de terrain liées à la crise des Gilets Jaunes, les policiers réalisent des amplitudes horaires rarement connues et enchaînent parfois jusqu'à 12 jours de travail sans interruption.
Ces cadences et la dureté des conditions de travail impactent la vie sociale des policiers, au point que le suicide est devenu un recours ultime presque banalisé.
Bruno Berger du syndicat Alternative Police CFDT Loiret :
Il y a un recensement depuis 1997 et on en est à environ 1030 suicides en un peu plus de 20 ans. (..) C'est une hécatombe depuis le début de l'année 2019, nous en sommes à 52 suicides en France, sans compter les tentatives de suicide et les risques psychosociaux enregistrés dans les commissariats.
Les raisons de ces suicides sont multifactorielles, mais la vie professionnelle est clairement identifiée comme un déclencheur majeur.
Partout les organisations syndicales de policiers dénoncent l'absence de moyens pour répondre à la croissance des tâches demandées aux fonctionnaires.
A Blois c'est un car qui emporte les manifestants, venus de Tours et du Loir-et-Cher, ils sont une cinquantaine à l'intérieur.
Lilian Demasy, le secrétaire départemental Alliance Loir-et-Cher :
C'est la première fois que je vois autant de monde pour une manifestation. (..) Chez nous les brigades se sont dépeuplées car la Réforme Pénale de 2015 a renforcé les unités d'investigation, mais les effectifs ont été pris ailleurs et on se retrouve avec à peine un tiers des policiers sur la voie publique. (..) La Réforme Pénale a aussi fait des dégâts chez les policiers car elle protège plus les auteurs de faits délictueux que les forces de l'ordre, d'ailleurs on ne signale même plus les outrages à policier car on sait qu'il n'y aura pas de sanctions derrière.
"La marche de la colère" est un coup de semonce envoyé au gouvernement. Les policiers attendent des réponses concrètes, en termes d'effectifs et de reconnaissance de leurs difficultés de travail, dans la prochaine loi de programmation des forces de sécurité intérieure.
Un texte qui est actuellement à l'étude dans les deux assemblées du Parlement.