Quelles ont été les conséquences de la météo sur les premières moissons 2024 ?

Les nappes phréatiques ont beaucoup bénéficié des pluies abondantes du premier semestre 2024, mais il y a aussi quelques conséquences négatives. C'est notamment le cas pour les récoltes de céréales, la principale culture du Centre-Val de Loire. À l'approche du milieu de l'été, quel est le bilan des moissons ?

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Au sud de Bourges, dans les plaines de la commune de Soye-en-Septaine, les orges n'avaient fini pas d'être récoltées début juillet. On comptait une semaine de retard par rapport à l'été 2023.

À cause des conditions météorologiques, la récolte s'est effectuée sur un rythme plus lent qu'à l'accoutumée. "On commence vers 11h ou 11h30 le matin quand il n'y a pas de rosée, explique Romain Chandezon, salarié agricole. C'est pour avoir un taux d'humidité relativement bas. Il faut choisir les bons créneaux et y aller."

Du gel au mois d'avril

Les résultats sont décevants, la chute de rendement est estimée à 20%. La cause : le temps pluvieux du début d'été. "Les grains sont plutôt petits. Le fait d'avoir un excès d'eau a altéré la qualité intrinsèque des grains", affirme Denis Jamet, agriculteur céréalier.

Mais la pluie n'est pas la seule responsable de cette mauvaise récolte. L'orge a également été fragilisée dès le mois d'avril par le gel qui a affecté la fertilité des épis.

Situation similaire dans le Loiret

Concernant le blé, les perspectives sont aussi assez sombres. L'humidité a déclenché des maladies telles que la fusariose, causée par des champignons décomposeurs. Conséquence : le blé n'aura pas la qualité attendue et son prix d'achat va s'effondrer.

Il y a un blé panifiable, donc boulanger, qui va vraisemblablement devenir un blé fourrager. Cela va avoir un impact financier non négligeable. Les trésoreries vont être affectées. Nous sommes à l’aube de grosses difficultés.

Denis Jamet, agriculteur céréalier

La situation n'est guère meilleure pour la coopérative de Pithiviers, dans le Loiret. La tendance pourrait s'inscrire dans les mémoires.

"On se souviendra de cette année, abonde le directeur général de la coopérative Agropithiviers, Philippe Forget. On avait 1000 hectares de blé en moins cette année, car les agriculteurs ne pouvaient pas semer. En plus, le rendement n'est pas présent."

Il y a un an, en raison de la sécheresse, la récolte 2023 s'était avérée décevante. Cet été 2024, c'est l'excès d'humidité qui pose un problème. Et les prévisions sont d'ailleurs encore plus pessimistes.

"Comme en 2016, on a eu des problèmes de fécondité d’épis. Les épis sont beaux, mais il n’y a pas grand-chose dedans", se désole Rémi Gaget, agriculteur céréalier à Ascoux.

2024, une mauvaise année

Selon Philippe Forget, l'année risque d'être compliquée : "On en est à 66% de récolté aujourd’hui. Pour les agriculteurs, ça va être très difficile au niveau de la trésorerie."

À la coopérative, qui collecte près de 350 exploitations dans le Pithiverais, on annonce moins de 150 000 tonnes de céréales pour cette moisson. Ce sont 20 000 à 30 000 tonnes de moins que pour une année normale.

Et pour couronner le tout, la crise politique actuelle a bloqué le traitement des mesures prises à l'issue des manifestations agricoles du début d’année. 2024 s’annonce être un très mauvais cru pour le monde paysan. 

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