Au 1er mai, il n’y aura plus d’aide de l’État pour les contrats de professionnalisation. Cette décision, prise pour raisons économiques, inquiète les TPE et PME en région Centre-Val de Loire, principales bénéficiaires de ce type de contrat.
10 milliards de coupes budgétaires pour 2024 : en février, le gouvernement avait annoncé la couleur. Gris de rigueur. Alors, supprimer l’aide de 6 000 euros pour les contrats de professionnalisation ce 1er mai 2024, c’est la coupe de trop qui fait déborder les patrons de TPE et PME.
Née en 2020, cette aide devait prendre fin en décembre 2023, mais a été renouvelée une fois, puis deux. Il n’y aura pas de troisième fois. Un contrat de professionnalisation est un contrat d'alternance, qui s'adresse notamment aux reconversions professionnelles.
80% des entreprises dans le Centre-Val de Loire sont des TPE/PME
Pour l’Union des entreprises de proximité de Centre-Val de Loire (U2P), l’absence d’aide va avoir des conséquences plus importantes pour les TPE et PME que pour les grandes entreprises. "Le contrat de professionnalisation est très usité chez les TPE et PME, les petites entreprises forment leurs salariés en faisant du sur-mesure pour, à terme, garder la personne formée au sein de l’entreprise", précise Stéphanie Maximoff, secrétaire générale de l’U2P de Centre-Val de Loire.
Le "contrat pro" est un réel investissement pour les entreprises locales. D’autant que les entreprises de moins de 10 salariés représentent plus de 80% des entreprises en région Centre-Val de Loire.
6 000 euros dans la trésorerie d’une très petite entreprise, c’est un vrai coup de pouce à l’embauche. "Et cela permet de pallier le problème de recrutement dans les secteurs des métiers de l’alimentaire" (boucher, boulanger, hôtellerie, restauration)" avance l’U2P, ajoutant que "cette aide est aussi bien un acte économique que social". Car le profil type des "contrats pro" est celui d’une personne éloignée de l’emploi, sans qualification ou sorti du système scolaire.
L'inévitable contrat pro dans les métiers de bouche
Et les très petites entreprises ne sont pas les seules à regretter la disparition de cette aide. Jean-Charles Vallée est le PDG de Leader Bœuf, une entreprise répartie sur trois boucheries à Orléans, Olivet et Chécy. Et pour lui, les contrats pro sont une nécessité pour qui n'a pas commencé la boucherie jeune. "La vraie formation, c'est l'apprentissage à 16 ans, c'est beaucoup plus dur quand on est plus âgé."
Le contrat de professionnalisation augmenté d'une aide rend donc plus attractive pour l'entreprise la formation d'un travailleur en reconversion. Comme Mathieu Da Costa, 30 ans, embauché par Leader Bœuf à Chécy il y a un an, à l'issue de ses huit mois de contrat pro. "C'était une aubaine, l'occasion de découvrir un très beau métier", se réjouit-il, après une première carrière de neuf ans dans les cuisines de restaurants orléanais.
Sauf que, Jean-Charles Vallée se "pose la question" :
Si cette prime n'avait pas existé, est-ce que Mathieu serait chez nous aujourd'hui ? Est-ce que les entreprises qui n'ont pas forcément les moyens de former quelqu'un sans cette prime pourront quand même le faire ?
Jean-Charles Vallée, PDG Leader Bœuf
Il dit comprendre que "l'État a forcément ses raisons, mais les gens qui ont besoin de changer de métier, comment vont-ils faire ?" Il assure que des CDI sont proposés à 80% des apprentis qui vont au bout de leur formation dans son entreprise.
Les patrons de TPE et PME espèrent encore le maintien de l'aide pour les entreprises de moins de 50 salariés. En tout cas, c’est la proposition défendue par Michel Picon, président de l’U2P, devant la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités mardi 23 avril.