Dans le cadre de leurs travaux, des élèves de Terminale S du lycée Vaucanson de Tours nous proposent un récit de leur échange de coopération avec le village berbére de Tizi N'Oucheg.
L'élève Maé Poveda dans le cadre de la SVT (Science de la vie et de la terre) a travaillé sur la botanique.
Lors de notre périple dans la vallée de l'Ourika au Maroc, notre guide Khalid Ben Youssef, de l'écomusée berbère de Tafza dans l'Ourika, nous a initié à la flore. Nous y avons découvert de multiples plantes comestibles, exotiques et médicinales.
L'AGAVE : LA SOIE BERBÈRE
Dans le village de Tafza, nous avons tout d'abord observé l'agave.
C'est une plante appartenant à la famille des Asparagaceae dont les feuilles succulentes sont bordées de dents. C'est une plante monocarpique, c'est à dire une plante qui ne fleurit qu'une seule fois au cours de son cycle de vie. Ses fleurs sont spectaculaires puisqu'elles peuvent atteindre plusieurs mètres de haut, hauteur comparable à de petits arbres.
A l'issue de la floraison, la plante entière va dépérir et disparaitre et ce sont de petites pousses à proximité des plantes mères qui poussent à leur tour. En effet, les agaves se multiplient grâce à des graines mais aussi activement de façon végétative c'est à dire que durant toute leur vie, les agaves émettent des drageons (tiges souterraines terminées par un bourgeon) qui assurent l'apparition d'une nouvelle plante. Le jus extrait du cœur de l'agave peut être utilisé comme substituant au sucre mais les berbères se servent essentiellement des fibres de feuilles d'agave pour la fabrication de fils ou de tissus. Pour cela, ils ouvrent le bout des feuilles et tirent sur les fibres présentes à l'intérieur. Les berbères appelleront ces fils la "soie de cactus".
A travers l'Agave, comment on extrait la "soie berbère". Explication de Khalid Ben Youssef, guide botanique
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©Association Distilla Sun
LA CAROUBE SE SUBSTITUE AU CACAO
Le lendemain, nous avons entamé une randonnée en direction de Tizi N'Oucheg et c'est lors de ce trek que Khalid nous a montré le caroubier. Il est à l'origine des caroubes dont la cosse est utilisée pour faire du chocolat et dont les graines, les carats, ont toutes la même masse. Grâce à cette caractéristique, elles étaient utilisées comme unité de mesure pour les minerais. Encore aujourd'hui, le carat est utilisé pour évaluer la valeur de certaines pierres tel le diamant.
ÇA PIQUE MAIS hum C'EST BON
Derrière ces cactus pour la plupart piquants, le figuier de barbarie, plante de la famille des cactaceae se révèle être un producteur de fruit doux. Khalid nous a appris la méthode traditionnelle pour cueillir les figues de barbarie.
Elle consiste à utiliser des branches d'arbre comme balaies et à frotter la peau du fruit afin d'enlever les redoutables « micro-épines » appelées glochides. Afin d'éviter de recevoir ces glochides qui se détachent au moindre contact, il est recommandé de se mettre au préalable dans le sens inverse du vent.
Une fois débarrassée de ses « épines » et de sa peau, la figue de barbarie se révèle être d'une incroyable douceur et un met de choix pour la confiture.
Démonstration en vidéo :
comment éviter de se piquer aux terribles épines du figuier de barbarie en pays berbère
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©Association Distilla Sun
UNE GRANDE DIVERSITÉ DE LA FLORE
Par la suite, nous avons remarqué plusieurs figuiers sauvages dont les fruits sont d'une taille beaucoup plus petite comparée aux figuiers communs. Nous avons également rencontré au cours de notre balade à Tafza, beaucoup de cognassiers, d'églantines avec lesquelles on peut faire des confitures, des grenadiers et des Marie-Blanche qui sont des plantes médicinales qui soignent notamment les maux de ventre. Khalid nous a aussi montré un acacia appelé "dents de sanglier" par les berbères en rapport avec un jeu populaire des enfants qui consiste à placer les épines dans sa bouche afin d'imiter les dents des sangliers.
Ce voyage nous a permis d'enrichir nos connaissances car nous avons découvert plusieurs plantes et fleurs qui n'existent pas en Touraine, certaines sont typiques du Maroc et des climats chauds. De plus, nous avons pu remarquer que les habitants utilisaient essentiellement les ressources locales en leur possession et s'en servaient afin de satisfaire leurs besoins, contrairement aux pays occidentaux où la tendance est plus à l'importation de produits exotiques. En outre, la culture est également en lien avec la nature et quand Khalid nous parle des plantes, il nous parle des berbères...
Maé Poveda
avec le concours de Séverine Letissier, professeur de Sciences de la Vie et de la Terre
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