Sûreté nucléaire : l’ASN dévoile son bilan 2019 en région Centre-Val de Loire

Chaque année, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dresse un bilan de l’inspection des centrales nucléaires. En 2019, en région Centre-Val de Loire, les quatre sites appliquent de manière « satisfaisante » les règles de sûreté nucléaire, avec un « mais » de rigueur. 

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L’Autorité de sureté nucléaire se range volontiers à l’appréciation générale d’EDF sur l’état des quatre centrales nucléaires de la région. Dans l’ensemble, Belleville-sur-Loire (Cher), Dampierre-en-Burly (Loiret), Chinon (Indre-et-Loire) et Saint-Laurent-des-Eaux (Loiret), sont des sites dont la sureté des installations et leur utilisation est « satisfaisante », à quelques nuances près.

 

Levée de la surveillance renforcée à Belleville-sur-Loire

Belleville-sur-Loire était sous surveillance renforcée depuis septembre 2017, car "la conduite des installations et la gestion de certains écarts posaient problème". Depuis janvier 2020, au vu des améliorations effectuées, cette surveillance a été levée, mais l’ASN demande à ce que le niveau d’exigence soit maintenu. 

Une faiblesse avait été relevée dans la gestion de la transmission d’informations entre les équipes. A la relève, les compte rendus n’étaient pas assez exhaustifs ou précis. L’ASN a demandé plus de rigueur dans la communication entre les équipes de quart. 

Par ailleurs, le réacteur numéro 2 est en arrêt depuis début juin, il passe sa troisième visite décennale. L’ASN a réalisé quarante trois jours d’inspection en 2019, des visites plus nombreuses qu’en 2018, du fait de sa surveillance accrue.

 

Environnement et radioprotection : les points faibles de Dampierre-en-Burly 

Fin 2019, Dampierre-en-Burly a connu deux arrêts automatiques de réacteur, l’un pour « un problème de matériel, et l’autre à cause d’un problème organisationnel et humain. » Ces procédures de sauvegarde sont « sans conséquences sur la sureté des installations » comme le précise Alexandre Houlé, chef de la division ASN pour la région Centre.

Autre point faible de l’installation, « la gestion des déchets et du confinement liquide ». Entendez par là, la gestion des déversements des eaux d’extinction en cas d’incendie, pour éviter de les déverser dans l’environnement. A Dampierre, les installations ne sont pas étanches, ou font défaut. Sur ce point, l’Autorité de sureté nucléaire remarque que l’état des installations est insuffisant. 

En terme de radioprotection, là aussi, les mesures ne sont pas appliquées avec rigueur. L’ASN a constaté des oublis de dosimètre, ou des erreurs dans la cartographie des locaux. La surveillance des chantiers effectuée par des intervenants extérieurs n’est pas suffisante non plus. 

A noter, le réacteur numéro un (900 mW) de Dampierre aura 40 ans en 2021, il passera donc sa première visite décennale l’an prochain

 

Chinon : des travaux d’étanchéité, imposés par l’ASN en 2016, un peu tardifs 

L’Autorité de sureté nucléaire déplore un manque de préparation dans les activités, et « une documentation peu précise à destination des prestataires qui peuvent amener à des événements significatifs. » Mais le point le plus souligné lors de la conférence de presse, c’est la gestion du risque incendie sur la centrale. L’ASN constate des écarts sur le terrain. Pour ce qui est de la protection de l’environnement, il reste a améliorer la gestion des déchets dans les zones d’entreposage

Et comme pour Dampierre, Chinon avait des problèmes de confinement des liquides. Depuis 2016, suite à l’insistance de l’ASN, des travaux sont menés sur le site pour pallier ces problèmes d’étanchéité.

La centrale de Chinon, la plus ancienne de la région, dispose d’une installation d’entreposage et d’assemblage des combustibles neufs appelé « Magasin interrégional (MIR) ». A Chinon, quatre réacteurs de 900 mW fonctionnent, et trois réacteurs dit UNGG (Uranium naturel graphite gaz) sont en démantèlement depuis 2016. Leur mise à l'arrêt définitif a été acté en 1973, 1985 et 1990. Aujourd'hui, le réacteur numéro trois est en cours de visite décennale pour la troisième fois de son existence.

Saint-Laurent-des-Eaux : baisse de rigueur dans la conduite des installations

Au cours de l’été 2019, suite à plusieurs arrêts de réacteurs, l’ASN a demandé à EDF de mettre en place « un plan de rigueur sureté ». Le document de l’ASN précise que « l’organisation de la centrale nucléaire pour détecter les écarts lors des activités de maintenance sur les circuits primaires et secondaires a monter des lacunes. » L’autorité attend de l’exploitant (EDF) « une action volontaire concernant le respect des règles de conduite des installations pour 2020. » 

Pour ce qui est de la radioprotection aussi, les résultats sont en baisse par rapport à 2018. L’autorité regrette une analyse des risques parfois insuffisamment pris en compte dans l’organisation de certains chantiers. 

Le site de Saint‑Laurent‑des‑Eaux est aussi particulier, car la centrale nucléaire possède deux réacteurs de 900 MWe en fonctionnement, et deux réacteurs sont en cours de démantèlement depuis 2010. Ces deux réacteurs arrêtés depuis 1990 et 1992, étaient aussi de la filière uranium naturel‑graphite‑gaz (UNGG). En plus, deux silos accueillent des chemises graphites irradiées, donc des déchets issus de l'exploitation des réacteurs en cours de démantèlement. 

 

Démantèlement des trois réacteurs de Chinon et des deux de Saint-Laurent-des-Eaux

En 2016, EDF a décidé de changer la méthode choisie pour démanteler les réacteurs de Chinon et Saint-Laurent-des-Eaux. "Au lieu de les démanteler en eau, ce sera un démantèlement en air, "précise Alexandre Houlé, de l’ASN Centre-Val de Loire. Une maquette (démonstrateur industriel) d’un réacteur de Chinon a été construite pour que les équipes s’entraînent à ce démantèlement, en vue d’une application dans la réalité. Ce changement de stratégie implique un changement de calendrier. Au lieu de proposer un démantèlement à partir de 2021, le dépôt du projet pourrait se voir repousser en 2022. L’ASN veillera à ce que les échéances soient respectées.

 

Le point sur le feu d’hydrogène à la centrale de Belleville-sur-Loire en avril 2020

L’ASN n’a toujours pas classé l’incident car la procédure est en cours. Elle a envoyé une lettre pour donner suites à certaines demande auprès de l’exploitant EDF, sans retour à ce jour. EDF a deux mois pour répondre à ce courrier. L’Autorité de sûreté nucléaire attend aussi l’analyse de l’incident par EDF. Une fois le dossier instruit, l'ASN pourra classer donc cet événement. A ce jour, ce qui a été constaté sur le site résulte "d'un manque de communication avec les prestataires et de la documentation pas adaptée."
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