Témoignage. Attaque mortelle d’un fourgon dans l’Eure : "une quarantaine de policiers pour escorter un détenu avant contre une dizaine d'agents pénitentiaires aujourd'hui"

Publié le Écrit par Christine Launay

L’escorte du fourgon attaqué dans l’Eure était-elle suffisante ? Surveillant à la prison de Saint-Maur dans l’Indre, Frédéric C. dénonce des conditions d’exercice dégradées dans un contexte de sous-effectif chronique.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Autrefois partagées avec la gendarmerie et la police, les missions de convoyage des détenus sont assurées depuis une dizaine d’années par le personnel pénitentiaire. 
"10 à 12 surveillants sont formés aux escortes à Saint Maur. Alors qu’auparavant une quarantaine de policiers ou gendarmes pouvait être mobilisée" explique Frédéric C*., brigadier-chef à la Maison centrale de Saint Maur.

 Une tendance à sous-évaluer la dangerosité des détenus ?

Contrainte de prélever dans des effectifs déjà au cordeau, l’administration pénitentiaire aurait tendance selon le surveillant à sous-évaluer la dangerosité du détenu pour réduire au strict minimum les personnels réquisitionnés. "Le détenu évadé dans l’Eure était connu pour des faits de violence, on peut se demander pourquoi l’escorte de niveau 3 n’a pas été activée avec le renfort de deux véhicules pour encadrer le convoi" s’interroge Frédéric.C. Face aux attaquants du fourgon, lourdement armés, les surveillants avaient à leur disposition un "simple 9 mm". 

Ils ne leur ont laissé aucune chance. Ils sont venus pour tuer du « bleu ». En 20 ans de carrière, je n’ai jamais connu ça

Frédéric C., surveillant à Saint-Maur - Responsable régional UFAP-UNSA Justice


Au lendemain de l’attaque du fourgon, de nombreuses maisons d’arrêt ont suivi l’appel au blocage lancé par l'intersyndicale pénitentiaire. Les représentants du personnel réclament en urgence "une réduction drastique des extractions".  "Il faut qu’on arrête de sortir les détenus pour un oui ou pour un non. Parfois c’est juste pour signer un papier ! »  estime Frédéric C. qui souhaiterait que le recours à la visioconférence avec les magistrats soit généralisé.

Le braquage de l’Eure a fait deux morts et trois blessés graves chez les agents pénitentiaires.  "Le métier devient dangereux. Nous faisons face à des difficultés de recrutement, l’attaque du fourgon ne devrait rien arranger" estime le surveillant.

En 2023, 5841 extractions de prisonniers ont été réalisées sur les deux pôles d'extractions judiciaires (PREJ) que compte le Centre-Val de Loire. L'un est rattaché au centre pénitentiaire d'Orléans-Saran et l'autre à la maison centrale de Saint-Maur dans l'Indre.


**Pour des raisons de sécurité, Frédéric C. n'a pas souhaité donner son identité complète. 

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information