La densité carcérale est de 105% en Centre-Val de Loire, mieux que la moyenne nationale. Mais la réalité est plus complexe pour certaines prisons. À Tours, Bourges et Blois, le taux d'occupation des centres dépasse largement les 100%.
Encore un rapport, et encore une situation qui s'aggrave. Le 29 février, le ministère de la Justice a publié ses habituelles statistiques sur la population carcérale en France. Et les chiffres sont alarmants. Au 1er février 2024, on comptait plus de 76 000 détenus dans le pays, soit une hausse de 5,5% en un an. Dans le même temps, le nombre de places n'a augmenté que de 1,8%.
Et ces places étaient déjà trop peu nombreuses en 2023. Résultat : le taux d'occupation des prisons françaises est de 123%.
Montargis surnage, Tours suffoque
En Centre-Val de Loire, constat similaire, bien que moins dramatique (a priori). Ainsi, la densité carcérale est, en moyenne, de 105% dans la région. Soit bien en dessous de la moyenne nationale, et moins qu'un an plus tôt. En tout, 2 597 personnes se répartissent dans les huit prisons de la région.
Sauf que, derrière cette moyenne, se cache une disparité des situations. À la maison centrale de Saint-Maur, 116 détenus se partagent une capacité de 291 places. Soit un taux d'occupation de même pas 40%. À l'inverse, à Blois, la densité carcérale est de 138%, et atteint 161% à Bourges.
Mais la triste timbale revient à Tours, qui affiche un taux d'occupation de plus de 200%. Autrement dit, il y a là deux fois plus de détenus que de places (291 détenus pour 145 places). Les cellules y sont occupées par au moins deux, voire trois personnes. "C'est catastrophique, et indigne d'un pays comme la France", s'insurge Frédéric Chauvet, représentant du syndicat Ufap/Unsa Justice pour l'interrégion de Dijon (qui englobe la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val de Loire).
Dignité et conditions de travail
Il plaide pour que les détenus soient "traités correctement". Car, qui dit surpopulation dit "promiscuité", et "problèmes pour s'inscrire aux sports ou aux activités, parce que les créneaux horaires ne sont pas extensibles". Si bien que la prison se transforme en bombe à retardement. Et "des tensions apparaissent entre les détenus, et finissent par rejaillir contre le personnel qui vient juste faire son travail", ajoute le syndicaliste.
À Tours, voilà 10 ans que le taux d'occupation les 140%. Avec des conséquences dramatiques pour les agents. En juillet 2023, un gardien de la maison d'arrêt racontait déjà à France 3 ses conditions de travail précaires, et la "souffrance" que lui et ses collègues endurent depuis "des années".
La France condamnée
Emmanuel Macron avait pourtant promis la création de 15 000 places de prison en France. Des places qui, si elles arrivaient d'un coup aujourd'hui, suffiraient à peine à loger tous les actuels détenus dignement. Les statistiques du ministère de la Justice permettent d'ailleurs de noter que les 1 000 places créées en France entre février 2023 et février 2024 sont presque toutes... des matelas au sol.
À noter également que le nombre de détenus augmente, alors même que le recours aux alternatives à l'incarcération est également à la hausse : + 8,6% pour les aménagements de peine, + 10,6% de libérations sous contrainte en fin de peine. Le bracelet électronique et le travail d'intérêt général s'imposent également comme des solutions autres.
La France a, à plusieurs occasions, été condamnée par la Cour européenne des Droits de l'Homme sur le sujet du traitement de ses détenus. La dernière fois, c'était en juillet 2023.