Après l'annonce du déremboursement prochaine de l'homéopathie par Agnès Buzyn, certaines formations universitaires vont s'interrompre. A Tours, le diplôme universitaire (DU) ne sera plus délivré après 2019, mais le cours dispensé par la faculté de pharmacie demeure au programme de la 5e année.
Après Lille, la faculté de pharmacie de Tours dit adieu à son diplôme universitaire (DU) d'homéopathie, développé en commun avec l'université de Poitiers. Cette suspension à titre provisoire intervient dans un contexte où "la conférence des doyens a décidé de réfléchir sur l'enseignement de l'homéopathie", explique une responsable du service universitaire de la formation continue.
Médecine douce contre pratique magique
Étalée sur deux ans, cette formation se destinait aux pharmaciens professionnels déjà diplômés. Elle devait compléter un cours d'homéopathie d'une quinzaine d'heures, qui figure quant à lui toujours au programme de cinquième année de la filière officine.La suspension de ce diplôme fait suite à un long débat autour de cette pratique, "médecine douce" pour ses défenseurs et "discipline ésotérique" pour ses détracteurs. En 2017, le Conseil scientifique des académies des sciences européennes (EASAC) a tranché, appuyant les critiques "de nombreux scientifiques et médecins" sur les "prétentions d'effets positifs sur la santé des produits et pratiques homéopathiques", et considérant que "les explications avancées pour expliquer leur efficacité ne sont pas plausibles scientifiquement".
"L'enseignement doit continuer à être encadré"
D'autres professionnels de santé et de l'enseignement reconnaissent quant à eux dans l'homéopathie une pratique appréciée des patients, notamment en ce qui concerne l'accompagnement. "Sortir l'enseignement de l'homéopathie de l'université, c'est exposer les patients aux risques d'une pratique qui ne sera plus dispensée par des médecins et des pharmaciens" estime Pierre Besson, enseignant-chercheur et responsable de l'enseignement de l'homéopathie à la faculté de pharmacie de Tours.Un argument qui rejoint celui de la conférence des doyens des facultés de médecine et de pharmacie. Dans un communiqué commun avec la conférence des présidents d'universités, celle-ci estime "qu'il ne faut pas mélanger l’efficacité et donc le remboursement des médicaments homéopathiques, la pratique, appréciée des patients, et l’enseignement". Le risque : voir l'homéopathie échapper au cadre de l'université et être enseignée à titre privé "par des officines moins académiques, voire des industriels", s'inquiétait dans le Monde Yvon Berland, président de la commission Santé à la conférence des présidents d’université. Des industriels pharmaceutiques qui ont beaucoup à perdre si le marché homéopathique rétrécit.
"La médecine homéopathique reste une médecine et à ce titre les produits homéopathiques sont des médicaments", résume Pierre Besson. "L'enseignement de cette thérapeutique doit donc continuer à être encadré." Un médicament certes, mais dont les effets, en tout cas, ne semblent plus justifier leur remboursement par la solidarité nationale.