Agriculture : loin du "cannabis thérapeutique", le Cher explore les possibilités du chanvre

Il y a 4 ans, la Chambre d'agriculture du Cher a créé un groupe de travail pour étudier les débouchés du chanvre, le cannabis agricole. 40 hectares ont été plantés pour l'expérimentation. 

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"Il y en a qui viennent, qui se servent de quelques plans. Ils ont peut-être un mal de crâne... Ça fait plutôt sourire !", s'amuse Florent Brac, conseiller à la Chambre d'agriculture du Cher. Des voleurs de tomates ? De colza ? Non, de cannabis. 

Car depuis quatre ans, Florent Brac coordonne - avec le soutien de l'Agence de l'eau et de l'agglomération de Bourges - un groupe d'agriculteurs qui expérimentent la culture du chanvre et travaillent sur ses débouchés. "Sur le plan botanique, cannabis et chanvre, c'est la même espèce. Mais la plante est sélectionnée à des fins différentes. Pour l'agriculture, elle est sélectionnée entre autres pour son faible taux de THC", précise le conseiller. 
 

Promesse écologique, promesse économique


Déception donc, pour les brigands adeptes des ronds de fumée. Mais pour les agriculteurs, l'essai est encourageant. Le chanvre, c'est d'abord une excellente "tête de rotation", cette culture que l'on met en place pour reposer une parcelle, avant d'y faire pousser des plantes plus demandeuses. Peu gourmand en eau, peu attractif pour les mauvaises herbes, bénéfique pour les sols grâce aux feuilles qui se décomposent... La biodiversité est gagnante aussi.
 

Autre avantage : les débouchés sont nombreux, et ils étaient connus au XIX° siècle. Selon l'institut technique Terres Inovia, les surfaces de chanvre atteignaient 176 000 hectares en 1850. En 1960, à cause notamment de la concurrence du coton, ces surfaces se réduisent à 700 hectares en 1960. On redécouvre aujourd'hui les possibilités de cette plante.

"On récolte deux types de produits : la paille et la graine. La paille va intéresser les marchés de l'isolation et de la construction, de la plasturgie, le paillage animal... La graine est un super-aliment, avec un taux d'oméga 3 et 6 très élevés, et très équilibrés"  vante Florent Brac. Aujourd'hui, 40 hectares sont cultivés près de Bourges qui suscitent la curiosité des voisins.
 

Le cannabis thérapeutique écarté


Très présent dans le débat public, le cannabis thérapeutique n'est pourtant pas à l'ordre du jour. "Aujourd'hui, il n'y a pas de débouché économique officiel. Côté médicament, ça va évoluer, mais personne n'a dit que ce serait cultivé en France. On n'a ni information, ni marché, ni contrats. Ce n'est pas concret, et on cherche une rentabilité dans les trois ans à venir." 

Mais le groupe de travail n'exclut pas de s'y intéresser, si la législtation encadrant l'usage du cannabis devait changer. L'expérience va tout de même faire des petits : le Conseil Régional devrait prochainement valider son extension à toute la région, pour un programme de deux ans. 

 
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