"Toute guerre a ses profiteurs" : des millions de masques vendus par la grande distribution, les soignants écoeurés

Des centaines de millions de masques sont prêts à l'achat, selon la grande distribution. Où étaient-ils, quand les soignants et les patients risquaient leurs vies à cause du coronavirus ?

"Toute guerre a ses profiteurs. C’est malheureusement une loi intangible de nos conflits. Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques, quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution."

Ce cri, c'est celui de sept Ordres des professions de santé. Médecins, sages-femmes, infirmiers, dentistes, kinésithérapeutes, pédicures-podologues, pharmaciens. Tous n'ont qu'une question en tête : "où étaient-ils ?"  

Et soudain, des millions de masques


Le 29 avril, la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher annonce avoir trouvé un accord avec la grande distribution concernant la vente de masques de protection au grand public. En plus des pharmacies, petits commerces et buralistes, les grandes surfaces sont désormais autorisées à distribuer, ou plutôt vendre des masques. En quelques heures, la machine de la communication s'engrange. Auchan, Aldi, Carrefour, Colruyt, Cora, Groupe Casino, Intermarché, Leclerc, Lidl, Netto, Supermarché Match, Système U... Tous vont vendre des masques. Pourtant, ce n'est pas cela qui gêne les soignants. "Nul n'aurait reproché à des circuits de distributions grand public de distribuer des masques grand public" clarifient d'ailleurs les Ordres dans leur courrier.

Le problème, c'est dans les comptes. Carrefour a annoncé 225 millions de masques prêts à la vente. Intermarché, 90 millions. "Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence, déplorent les professionnels. Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui."

"Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ?" interpellent encore les professionnels, pour "la consternation s'allie au dégoût".
 

"L'heure viendra de rendre des comptes"


Le gouvernement est très critiqué pour sa gestion de crise, ce dès le début de la pandémie sur le sol français. La question de la pénurie des masques est l'une des plus sensibles. Car la France avait des stocks, qui datent de la crise du H1N1 et des commandes massives de l'ancienne ministre de la Santé Roselyne Bachelot. "L’heure viendra, nous l’espérons, de rendre des comptes. En attendant, nous allons poursuivre notre mission de professionnels de santé, car c’est notre engagement. Avec néanmoins l’amertume de se dire que la responsabilité n’est pas la mieux partagée de toutes les vertus", concluent les soignants.
 
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