Les incidents de lignes ferroviaires se multiplient : pannes, retards... Ils sont de plus en nombreux et les solutions apportées prennent, souvent, trop de temps.
Des passagers restés bloqués dans une rame pendant trois heures, des travaux qui perdurent et des incidents météorologiques ont dicté le quotidien des lignes régionales depuis septembre 2022 notamment. Des incidents qui font partie de la vie normale d'une ligne ferroviaire, mais dont les conséquences se voient de plus en plus, y compris sur les réseaux sociaux.
Des coupes claires dans les budgets
En cause, selon les syndicats, une diminution importante du nombre de personnel : "Dans certains cas on a le matériel mais on n'a pas les conducteurs", avance Sébastien Nugou, ex-secrétaire général CGT SNCF d'Orléans.
Les fermetures des gares la nuit, notamment celle d'Austerlitz ou la station Bibliothèque François Mittérand (entre la gare d'Austerlitz et Orléans), ne permettent plus d'évacuer les voyageurs pouvant rester bloqués dans des rames, comme ce fut le cas le 13 juin 2023.
Du côté de la direction de la SNCF "s'excuse auprès de ses voyageurs pour le dernier week-end avec un enchaînement de circonstances hors de son contrôle". Sur les incidents au sens large, la SNCF indique "n'avoir rien à dire".
Pourtant, "ça fait des années qu'on est à l'économie et que l'on supprime des postes, on morcelle l'entreprise pour répondre aux besoins d'ouvertures à la concurrence", ajoute Sébastien Nugou. "Ils créent autant d'épiceries qu'il y a de gares", souffle le syndicaliste.
L'ouverture à la concurrence change la donne
En effet, après l'ouverture à la concurrence en décembre 2020, la SNCF se restructure. "Chaque région, chaque entité va pouvoir créer sa propre marque de train [..] On avait une entreprise unique et là il en faut quasiment autant que de marchés", précise-t-il.
Autre problème, le gestionnaire SNCF Réseaux qui sous-traite une cinquantaine d'entreprises sur chaque chantier. Une sous-traitance due au retard sur l'entretien du réseau ferroviaire français et dont la SNCF "n'a plus les capacités de faire tous les travaux en même temps", déplore Sébastien Nugou.
De nouvelles suppressions d'emplois à venir
Autre facteur, le nombre de postes, notamment des agents d'accueil, qui, selon le syndicaliste, va encore baisser : "30 postes vont être supprimés dans les gares des Aubrais, Orléans, Vierzon, Bourges, Tours, St Pierre des Corps et Blois".
Les brigades de maintenance ont aussi drastiquement baissé, ainsi les techniciens ont une plus large zone d'intervention à couvrir. Sur la ligne Orléans-Tours, "on avait une brigade à Meung-sur-Loire, à Blois, à Amboise et maintenant il n'y a plus qu'une brigade à Blois", révèle Sébastien Nugou. Les agents sont donc plus loin pour intervenir en cas de problèmes.
Désormais, des trains sont annulés pour cause de manque de personnel comme ce fut le cas pour ce train entre la gare d'Austerlitz et Châteaudun ce mardi 20 juin.
"Un nouveau matériel plus autonome"
Des suppressions d'emplois dues à l'arrivée "d'un nouveau matériel plus autonome avec plus d'assistance électronique" qui vont encore faire augmenter le nombre de trajets avec une seule personne dans le train : le conducteur. "Quand il y a un problème, le conducteur sécurise sa ligne et s'occupe seul de tous les voyageurs". Pour Sébastien Nugou, "c'est une baisse des coûts pour faire du bénéfice".
Il y a les mêmes problèmes qu'avant mais moins de moyens pour y répondre.
Sébastien Nugou, ex-secrétaire général CGT SNCF Orléans.
De plus, du nouveau matériel est arrivé, notamment de nouvelles rames, qui ont une période de "rodage" causant quelques dysfonctionnements. Concernant les derniers problèmes dus aux orages ces derniers jours, le problème est similaire : "le manque de personnel ne permettant pas d'intervenir au plus vite".