Vendanges décevantes cette année, les vignerons s’y attendaient. Après un été où il a plu quasiment tous les jours et un mois de septembre où les heures sans gouttes se comptaient sur les doigts d’une main… Les vignerons évaluent leurs pertes entre 20% et 40% sur la région Centre-Val de Loire.
La fourchette est large et pour cause. Ce ne sont que des évaluations entre vignerons pour le moment : en Centre-Val de Loire, les vendanges accusent un rendement 20 à 40% inférieur à celui de l'an dernier. Il faudra attendre le 10 décembre, date de dépôt officiel des déclarations de rendements, pour connaître les chiffres définitifs.
Selon le ministère de l'Agriculture, sur l'ensemble du vignoble Val de Loire, qui s'étend jusqu'à la Loire-Atlantique, les vendanges 2024 n'auraient généré que 2118 hectolitres, tous vins confondus, contre 2998 hectolitres en 2023. Soit une baisse de 29% en un an, et de 14% par rapport aux cinq dernières années.
Cette perte de rendement est quasi identique à celle de 2021 pour la région Centre-Val de Loire.
Mildiou partout
L'année 2024, a été difficile "psychologiquement" pour les vignerons en région Centre-Val de Loire, "parce que malgré tout le travail qu’on faisait dans les vignes, on voyait le raisin se dégrader. Et le temps ne s’améliorait pas" explique Guillaume Laporte, président du Syndicat des vignerons indépendants du Centre-Val de Loire.
Un été de lutte contre un mildiou agressif. Un été qui a rimé avec pluies abondantes et températures supérieures à 16°C, le cocktail parfait pour que le champignon Plasmopara viticola, à l’origine du mildiou, prolifère posément.
"Cette année, c’était très hétérogène en fonction de la parcelle, mais l’excès d’eau a causé d’autres désagréments comme la coulure", précise Laure Dubreuil, vigneronne à Couddes, en Loir-et-Cher. Dès la floraison, les vignerons ont dû faire face au millerandage, soit l’avortement des grappes causé par la coulure. Les fleurs sont non fécondées et tombent. On dit qu'elles coulent… Alors sans fleurs, pas de fruits !
"Trouver le bon timing"
Les quelques grappes qui ont donné des fruits ont été ensuite touchées par le mildiou. Des grappes de fruits asséchées et des vignerons usés par un travail de Sisyphe qui les a tenus en alerte pendant deux mois.
Comme il a plu quasiment tous les jours en Centre-Val de Loire, il a été difficile de travailler dans les vignes. Les machines s’enfonçaient dans la terre meuble et malgré les traitements de contact posés régulièrement, la pluie lessivait tout. "Il fallait trouver le bon timing pour vendanger" précise Laure Dubreuil vigneronne en AOC Touraine, "et puis réaliser trois semaines de vendanges sous la pluie, c’était très éprouvant physiquement pour les équipes." À ce rythme, les producteurs bio sont les plus touchés. Ils auraient perdu près 80% de leur rendement.
Volume complémentaire individuel
Seul petit espoir pour les appellations, le Volume complémentaire individuel (VCI). C’est un volume de jus de raisin conservé par le vigneron, et interdit à la vente sur l’année en cours, car il dépasse les rendements autorisés.
Le VCI représente le plus souvent 10% du rendement maximum autorisé sur l’appellation l’année en cours dans le cahier des charges. Ce volume, le vigneron peut le débloquer l’année suivante, quand il connaît un mauvais rendement. En 2023, l’année a été plutôt bonne et les vignerons ont dépassé les rendements autorisés. Ils ont pu constituer des VCI. Cette année, ils pourront les commercialiser pour compenser la perte financière prévue. Cela fonctionne comme une sorte d’assurance liée aux aléas climatiques.