L’art du verbe et de l’éloquence n’est plus réservé qu’aux avocats. L’épreuve du grand oral attend, pour la première fois, les élèves passant le bac. C’est l’idée maîtresse de la réforme voulue par Jean-Michel Blanquer.
L’art oratoire doit être insufflé dès l’épreuve du Baccalauréat. Prendre la parole devant des examinateurs et parler sans note. Se soumettre à un feu roulant de questions. Pour le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le Grand oral, grande première cette année, va permettre de valoriser les élèves. "On juge la capacité à s'exprimer. C'est extrêmement important" a t-il jugé au micro de nos confrères de France 2 ce lundi 14 juin.
Grand oral du #Bac : "On juge la capacité à s'exprimer. C'est extrêmement important"
— Info France 2 (@infofrance2) June 14, 2021
? @JMBlanquer, ministre de l'Education nationale
▶ #les4V avec @Caroline_Roux pic.twitter.com/KBqq252k6Y
"Tout ce qu’on fait, c’est de préparer son avenir. S’exprimer à l’oral, c’est quelque chose que vous avez à faire en permanence dans la vie, a-t-il déclaré. Qu’il y ait des différences en fonction de vos origines sociales, c’est évident mais l’école est là pour compenser ça. Les élèves font des progrès là-dessus", a estimé le ministre.
"Il n’y a pas de pièges, ce sont des questions d’approfondissement", selon Jean-Michel Blanquer qui oppose cette épreuve aux épreuves écrites favorisant le bachotage critiqué depuis plusieurs années. "Ce n’est pas un concours, c’est un examen. Rien n’est fait pour piéger les élèves", a-t-il encore déclaré à Caroline Roux dans Les Quatre Vérités sur France 2.
Immersion au Lycée Voltaire à Orléans où les élèves se préparent au Grand oral
Ici les 450 élèves qui passent le Bac s’entraînent à cet exercice d’un genre nouveau.
Agathe a 18 ans. Elève en Terminale Générale Langues et Cultures Etrangères en Anglais. Elle aimerait bien s’inscrire dans une Ecole d’infirmières, son Bac en poche. Pour le moment, elle reste sur une longue liste d’attente.
Les responsables de son lycée ont organisé un exercice grandeur nature pour que les élèves se familiarisent à se lancer dans le vide oratoire. Sans filet ou presque.
L’exposé de 5 minutes est le condensé d’une préparation de longue haleine
Un peu intimidée, Agathe qui va passer le Baccalauréat général se présente devant deux examinateurs de son lycée. L’un est professeur de Physique-Chimie, l’autre enseigne le Théâtre.
La jeune fille a planché sur deux questions. La première porte sur la littérature, culture étrangère et anglaise.
Son sujet ?
"En quoi la superpuissance politique qu’était le Royaume-Uni du XIXe siècle était aussi une terre de misère sociale et économique ?"
La seconde question relève des Sciences et Vie de la Terre : "Comment l’amygdale parvient à déterminer nos actions avant même que le cerveau pensant, le néocortex ait pu prendre une décision..?" Le sort est jeté. Ce sera le premier sujet que les examinateurs ont choisi.
Agathe s’exprime sans note. Elle présente son plan et justifie le choix de ce sujet. Elle a cinq minutes pour convaincre.
C’est un exercice d’équilibriste. La pensée doit être claire, le propos limpide, structuré, élaboré et argumenté. La gestuelle maîtrisée. Ne pas se laisser envahir par l’émotion. Avoir le débit qui convient. Séduire sinon convaincre.
C’est un exercice grandeur nature qui se déroule dans les conditions du vrai grand oral. Il faut se jeter à l’eau et nager pour regagner la rive opposée. Gérer son effort. Les examinateurs prennent des notes et scrutent.
Tout est passé au crible. La fluidité de l’expression, sa richesse, les références bibliographiques ou historiques qui viennent enrichir la présentation et lui donner du relief.
A l’issue du temps imparti, la candidate au Bac est soumise à un feu nourri de questions. L’occasion pour les examinateurs de mieux cerner ses zones de fragilité et ses capacités à progresser. En guise d’encouragements, ils vont lui prodiguer de précieux conseils.
Fin de l’exercice. Agathe est soulagée.
C’est un bon entraînement pour le jour J. Les jurys ont été bienveillants et m’ont donné de bons conseils. C’est toujours un peu stressant mais ça reste un bon exercice pour le futur. Je suis contente.
L’oral du Bac de français a un coefficient 5. Les épreuves vont se dérouler du 21 juin au 2 juillet.