En quelques heures lundi après-midi, une pelleteuse n'a fait qu'une bouchée d'une petite maison en pierres sèches construite en 1998 sur le domaine public maritime de Farinole, à l'entrée du Cap Corse. La propriétaire dénonce une justice à deux vitesses.
60 m2 détruits et un rêve qui s'écroule
Le rêve de Françoise s'est effondré le lundi 28 janvier 2013. L'ancienne dépendance de camping d'à peine soixante mètres carrés avait été aménagée par Françoise et son mari, aujourd'hui décédé, pour y passer leurs vieux jours.Mais une vieille querelle entre le propriétaire d'un cabanon, posé sur la plage à quelques mètres de là, mais hors du domaine public maritime, réveille l'Etat. Car si la maisonnette de Françoise est située un peu à l'écart de la plage, sur une parcelle à l'abri des regards, elle n'en demeure pas moins construite en plein domaine public.
En 2001, Françoise reçoit une injonction de démolition, mais ne s'exécute pas pour autant. Le soufflet retombe et les services de l'Etat ne donnent plus signe de vie pendant plus de dix ans. Mais quelques jours après la visite de Manuel Vall en Corse en novembre 2012, tout s'accélère.
Le ministre de l'Intérieur rappelle sa ferme intention de faire respecter la loi littoral, et de régler les cas d'occupation illégale du domaine public maritime en Corse. Il faut croire que la consigne passe et vite.81.571 euros d'astreinte
Du jour au lendemain, l'administration se réveille et Françoise reçoit la facture: 81.571 euros d'astreinte pour non exécution de la décision de 2001, et 30.000 euros de frais pour la démolition.
Sans négociation, ni délai, Françoise et ses proches dénoncent une justice à deux vitesses: "Il y a deux poids et deux mesures, la loi est faite pour les voyous, (...) c'est une vie qu'on détruit", quand "l'Etat a laissé pendant des années se multiplier les villas les pieds dans l'eau" sur le littoral insulaire.
Loin des dossiers médiatisés des paillotes de la rive sud d'Ajaccio, les services de l'Etat auraient multiplié ses derniers moins les injonctions de démolitions de constructions illégales sur le domaine public maritime.
En Haute-Corse, plusieurs dizaines de petits propriétaires auraient reçu de semblables injonctions, depuis les nouvelles consignes ministérielles.