Samedi 9 novembre dans la soirée, le CROSS MED en Corse a déclenché la vedette des Sauveteurs en mer de Bastia pour porter secours à un trimaran de 11 mètres pris dans la tempête au large de Bastia. Le voilier a déchiré ses voiles, l'équipage est malade, la mer est déchaînée. Récit d'un sauvetage.
L'alerte a été donnée vers 20h30 par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Méditerranée en Corse. Un trimaran de 11 mètres, "Magic", a déchiré sa grande voile et la puissance de son moteur ne lui permet de lutter contre la mer, a indiqué le CROSS.
La Corse est placée depuis vendredi sous le coup d’une alerte météo de fort coup de vent à tempête. Les conditions annoncées par le sémaphore de Sagro laisse présager une belle bataille pour les sauveteurs bénévoles de la SNSM: 55 noeuds de vent établi d’Ouest, 74 en rafales (137 km/h) et des creux de 4 mètres au large.
La nuit est d'encre, mais "grâce à la position donnée par le voilier et l’estime de sa dérive, "Magic" tombe directement sous le projecteur avant de la SNS132", a indiqué Jean-François Rouzaud, patron suppléant à la SNSM de Bastia.
L’équipage du voilier, deux hommes, est très affaibli, rendu malade par la mer. "Ce n’est qu’au troisième lancer de la remorque, qu’un des équipiers se saisira du bout, sous les encouragements de sauveteurs."
"Après de longues minutes, la remorque est enfin établie mais sous un seul brin au lieu de deux, l’équipier à bout de force ne pouvant pas faire mieux. Il regagne le carré en sécurité", a-t-il expliqué.
Commence alors 2h30 de remorquage. 70 mètres séparent les deux bateaux. Et hormis la bonne centaine de déferlantes qui déroulent sur l'avant de la vedette, le convoi progresse en sécurité vers le port de commerce de Bastia à 3 noeuds (5 km/h).
La dernière heure de remorquage sera malgré tout très éprouvante. La mer ne faiblit pas, le vent s’est considérablement renforcé sans mesure officielle, mais la vitesse du convoi en dit long : elle est désormais tombée à 1.9 noeuds. "Dans ces conditions, les deux bateaux se laissent régulièrement embarqués par le vent. C’est une bagarre permanente, pour préserver l’intégrité de la remorque", a expliqué Jean-François Rouzaud.
Peu après minuit, le convoi trouve enfin l’abri du relief devant la citadelle de Bastia et la mer s’aplatit. L’accostage dans le port de Commerce peut se préparer. "L'entrée du Vieux Port était trop dangereuse, trop étroite pour envisager d'y mettre le voilier."
Le calme des eaux semble presque rendre la dernière manœuvre trop facile et le vent aidant, le convoi arrondit le quai et se plaque gentiment contre lui. Il est près d'une heure du matin, "+Magic+ est en sécurité", conclut humblement Jean-François Rouzaud.