Compagnie historique des liaisons maritimes Corse-continent, la SNCM, dont l'actionnaire majoritaire Veolia Transdev souhaite se séparer, entame une semaine cruciale pour son avenir avec des réunions décisives à Paris, Marseille et Ajaccio.
La SNCM est confrontée à une crise majeure liée à des difficultés de trésorerie et d'actionnariat, allourdie par des condamnations de Bruxelles à rembourser 440 millions d'euros d'aides liées à sa privatisation en 2006 et à la délégation de service public (DSP) de desserte Corse-continent de 2007 à 2013,
Mercredi, le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour, doit démontrer à l'actionnaire la validité de son plan de sauvetage et le besoin de 13 millions d'euros pour faire le relais avec la saison prochaine, alors que la Collectivité de Corse doit encore 60 millions d'euros à la compagnie.
Ce plan doit permettre d'économiser 70 millions d'euros par an et d'atteindre la rentabilité en deux ans, via notamment la suppression de 500 postes par des départs volontaires.En cas de rejet du plan par Veolia, la compagnie sera placée en redressement judiciaire et le sort des personnels dépendra d'un repreneur qui notamment pourrait être la Méridionale, dont les résultats de 2012 et 2013 sont également négatifs.
La compagnie, qui emploie 2.600 personnes et dont dépendent des centaines d'emplois induits en Corse et à Marseille, a réalisé en 2012 quelque 300 millions de chiffre d'affaires pour 14 millions de pertes.
Le même jour, mercredi, les marins doivent valider par référendum un pacte social prévoyant de gagner 25% de productivité en remplaçant les anciens accords d'entreprise dénoncés par la direction en 2012.
La CGT, majoritaire, a appelé à voter pour ce plan. Mais elle a déposé un préavis de grève reconductible au 1er janvier 2014 pour dénoncer le "double jeu" du gouvernement socialiste.
Elle reproche notamment au ministère des Transports de mettre au point un décret sur les règles sociales appliquées aux travailleurs étrangers "préservant les intérêts des armateurs".
La CGC-CFE a aussi déposé un préavis de grève. Le syndicat de l'encadrement dénonce "la défaillance des actionnaires" et "le scénario de la +discontinuité+" envisagé "froidement" par Veolia, Transdev et la Caisse des dépôts et consignations.
Le lendemain, jeudi, c'est le groupe de travail qui se réunira avec les actionnaires pour décider du sort de la SNCM.
Lors de précédentes réunions, l'Etat s'est peu à peu aligné sur les positions de Veolia en vue de parvenir à un dépôt de bilan, souligne-t-on de source proche du dossier.
Le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour a pour sa part clairement expliqué que la compagnie était "viable et rentable dans les deux ans" et qu'il existait "une solution sur les plans économique et juridique, mais qui ne peut être mise en oeuvre que s'il y a une volonté politique".
Vendredi, enfin, l'Assemblée de Corse votera les nouvelles obligations de service public, reformulées après leur annulation par la justice administrative.