Le cargo mixte Pascal-Paoli de la SNCM était bloqué mardi 17 décembre en Corse dans le port de Bastia par des marins du Syndicat des travailleurs corses (STC) qui réclament la création d'une compagnie régionale. Une délégation sera reçue mercredi à l'Office des Transports de la Corse (OTC).
Le Pascal Paoli immobilisé à quai
Plusieurs dizaines de marins STC ont décidé d'occuper le navire "pour une durée illimitée", au terme d'une assemblée générale qui s'est tenue à bord en début de matinée, a indiqué un représentant du STC, Alain Mosconi. Le blocage, confirmé par la direction de la SNCM, a été effectué par le STC sans préavis."Nous occupons le Pascal-Paoli pour une durée illimitée tant que la Collectivité territoriale de Corse (ndlr: CTC, délégataire du service public maritime) ne s'est pas engagée par écrit à reprendre quatre navires de la SNCM en cas de dépôt de bilan en vue de la création d'une compagnie régionale", a indiqué Alain Mosconi.
Les marins entendent peser sur le débat qui agite la SNCM, confrontée à une crise majeure liée à des difficultés de trésorerie et d'actionnariat, alors que la compagnie maritime attaque une semaine cruciale qui doit déterminer son avenir.
Le Pascal-Paoli devait appareiller à 18h30 pour Marseille. Une délégation du STC sera reçue mercredi à Ajaccio par le président de l'Office des Transports de la Corse (OTC) Paul-Marie Bartoli et le président de l'Exécutif de la CTC, Paul Giacobbi.
Semaine décisive pour la SNCM
Mercredi, le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour doit de nouveau présenter à l'actionnaire, qui souhaite un dépôt de bilan, son plan de sauvetage et le besoin de 13 millions d'euros pour faire le relais avec la saison prochaine, alors que la CTC doit encore 60 millions d’euros à la compagnie.Ce plan, qui comporte aussi un volet industriel avec le renouvellement de la flotte, doit permettre d'économiser 70 millions d’euros par an et d'atteindre la rentabilité en deux ans, via notamment la suppression de 500 postes par des départs volontaires. Prévu pour 2013, il a du être reporté en 2014 à la demande de Veolia.
Mercredi, les personnels doivent valider un pacte social prévoyant de gagner 25% de productivité en remplaçant les anciens accords d'entreprise dénoncés par la direction en 2012. La CGT, majoritaire, a appelé à voter pour ce plan.
Jeudi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault recevra les dirigeants de Veolia et Transdev (co-entreprise entre Veolia et la Caisse des dépôts et consignations) pour décider du sort de la SNCM. Le dépôt de bilan de la SNCM pourrait être suivi d'une vente de celle-ci "à la découpe" au profit de compagnies concurrentes.
Vendredi, enfin, l'Assemblée de Corse votera les nouvelles obligations de service public, reformulées après leur annulation par la justice administrative.
La compagnie, qui emploie 2.600 personnes, dont environ 700 en Corse, et dont dépendent des milliers d'emplois induits en Corse et à Marseille, a réalisé en 2012 quelque 300 millions de chiffre d'affaires pour 14 millions de pertes.