Une juge parisienne va poursuivre l'instruction sur le litige opposant le propriétaire du domaine touristique de Murtoli, dans le sud de la Corse, Paul Canarelli, et l'épouse d'un milliardaire italien qui y a acheté, en 2001, une tour du XVIIe siècle, a-t-on appris de sources concordantes.
Anne de Carbuccia, épouse française du riche industriel italien Alberto Tazartes, avait acheté en 2001 une maison fortifiée du XVIIe siècle se trouvant à l'extrême sud du domaine appartenant à M. Canarelli.
La demeure se trouve dans une "réserve de chasse" de 2.000 hectares, entre Sartène et Bonifacio.
Paul Canarelli possède onze des douze bergeries du domaine de Murtoli et a transformé l'ensemble en gîtes de luxe qu'il loue jusqu'à 25.000 euros la
semaine.
M. Canarelli a contesté la vente de la tour, invoquant un bail commercial oral avec le propriétaire initial de la demeure, Paul d'Ortolli, l'autorisant à exploiter commercialement la demeure en la louant à des vacanciers.
En juin 2005, Mme de Carbuccia avait constaté que les serrures de la maison avaient été changées et que son mobilier avait disparu.
Une perquisition avait ensuite permis de retrouver le mobilier remisé dans une cave, la demeure étant occupée par des vacanciers qui la louaient.
Mis en examen en juillet 2008 pour extorsion d'un bien par menaces, Paul Canarelli a toujours constesté ces accusations de vol. Il rappelle -souligne son avocat- qu'il avait fait constater par voie d'huissier (maître Fazi de Porto Vecchio) que ces meubles étaient entreposés dans un local attenant à la maison.
Mise en examen par la suite annulée en 2009 par un arrêt de la cour d'appel de Bastia, à la suite duquel il s'est retrouvé sous le statut de témoin assisté.
Le juge d'instruction avait prononcé un non-lieu en mai 2011, confirmé en appel en novembre de la même année.
Mais la Cour de cassation avait ensuite annulé ce non-lieu en juin 2013, et renvoyé le dossier devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.
Reprise de l'instruction
Lundi, celle-ci a infirmé l'ordonnance de non-lieu et estimé que l'instruction devait se poursuivre, selon une source judiciaire.Elle a été confiée à une juge d'instruction parisienne.
"Le non-lieu me paraît inéluctable", a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Canarelli, Me Philippe Dehapiot, rappelant que son client est témoin assisté, "rien de plus".
A l'inverse, le conseil de Mme de Carbuccia, Me Marc Maroselli, considère que l'on "prend le chemin" d'une mise en examen du propriétaire du domaine.