Transporteurs et agriculteurs corses sont exaspérés par les perturbations que font peser les grèves à la SNCM sur leur activité. Le syndicat des transporteurs corse aurait décidé de bloquer le port de Bastia. Les agriculteurs redoutent, eux, une mauvaise saison estivale.
La tension monte. Les grèves qui perturbent le trafic de la SNCM laissent agriculteurs et transporteurs corses exaspérés, inquiets pour leur activité. Au risque d’atteindre un point de non-retour. Après une réunion, cet après-midi, à la chambre de commerce et d'Industrie (CCI) de Haute-Corse, les socioprofessionnels ont adressé un ultimatum au préfet de la Haute-Corse dans un communiqué.
Les socioprofessionnels exigent le retour à une circulation normale des marchandises et des personnes entre la Corse et le continent. A cet effet ils réclament notamment "l'obtention d'un quai dévolu et sécurisé à Marseille" et le "déblocage du Kallisté occupé par les grévistes". Si leurs revendications n'étaient pas satisfaites , les signataires du communiqué (Syndicat des transporteurs, Chambres d'agriculture de l'île, Medef de Corse,etc) menacent d'entrer à leur tour dans le conflit à travers "différentes formes de protestation".
Voir le communiqué:
Le communiqué des agriculteurs et des transporteurs
La situation pourrait alors s'envenimer et les transporteurs bloquer le port de Bastia, comme ils l'avaient un temps prévu, ce matin, avant de se rétracter face aux réticences des agriculteurs. Une solution extrême mais peut être nécessaire, selon Jean-Marie Maurizi, président du syndicat des transporteurs corses, face à l'absence d'évolution de la situation.
"Nous n'avons pas le choix"
"Nous nous n’avons pas le choix. Il se peut que cette décision ne soit pas la meilleure mais nous n’en avons pas d’autre. Tout dépend de l’attitude de nos autorités", a-t-il expliqué à Alta Frequenza.Et Jean-Marie Maurizi de dénoncer l’immobilisme d’un Etat qui va "de reculade en reculade". "Il faut qu’il se détermine une fois pour toute et que l’on sache comment on va travailler, avec quel port on a va travailler. Parce qu’aujourd’hui, c’est nous qui sommes bloqués. Nous sommes bloqués à Marseille, nous avons un problème à Toulon et on ne sait pas si on va pouvoir acheminer nos frets de Marseille en Corse, et vice versa", a-t-il poursuivi.
Du côté des agriculteurs, les mêmes inquiétudes face aux risques que font peser les perturbations de la SNCM sur la saison estivale, qui concentre les deux-tiers de la commercialisation des produits locaux.
"Il y a une très grande inquiétude parce qu’il y a des produits qui sont déjà stockés, qui ne peuvent pas être expédiés, qui ne peuvent pas être vendus. Il y a des emballages qui n’arrivent pas et donc qu’on ne peut pas conditionner", explique Jean-Marc Venturi, vice-président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Corse.
Un délai de 48 heures, expirant vendredi 4 juillet à 12h, a été donné aux autorités. Une nouvelle réunion des socioprofessionnels aura, elle, lieu à la CCI, à Bastia, jeudi matin.
Reportage: Antoine Albertini, Jie Lie