Le conseil municipal de Bonifacio a rejeté à l'unanimité le projet de nouveau centre d'enfouissement prévu à Stencia (Corse-du-Sud). Un vote qui ne change pas grand chose, la décision finale revenant au préfet de Corse. Mais les opposants affûtent déjà leurs arguments...
Le projet de centre d’enfouissement ne passe toujours pas à Stencia. Il y a trois semaines, c’étaient les riverains de la commune qui accueillaient le porteur du projet au son des "Foutez le camp!", "Vous souillez la terre de nos aïeux !", "Vous n’avez rien à faire ici." Hier, c’est le conseil municipal de Bonifacio qui a voté, à l’unanimité, le rejet du projet.
Un vote qui ne change pas grand-chose –la décision finale reviendra au préfet de Corse- mais qui montre bien la détermination des habitants de Stencia à empêcher le projet d’aboutir. Et lorsqu’il s’agit de souligner les effets néfastes de l’implantation d’un nouveau centre d’enfouissement, chacun y va de son propre argumentaire.
Le risque d'une dérive à la napolitaine
César Marenghi, membre du Comité de défense contre Stencia Poubelle, est ainsi persuadé que la nouvelle décharge, en attirant des nuées de goélands, perturbera la circulation aérienne au dessus de Stencia. Et s'inquiète pour les pilotes "qui avaient déjà assez de mal à gérer dles problèmes de vent et de reliefs au moment de leur approche de l’aéroport de Figari…"
Pour un conseiller municipal, c’est une dérive à la napolitaine qui serait plutôt à craindre. La ville italienne connaît "de gros problèmes de mafioïsation du traitement des déchets" note-t-il. "Je n’ose pas, je n’ose pas ici évoquer certaines régions en Corse, qui sont aussi touchées par ce type de problème", avance-t-il, avant d'avertir des risques liés aux "enjeux autour des déchets donnés au privé."
Le maire de Bonifacio change d'avis
Certains n’hésitent pas et vont même jusqu’à réclamer un incinérateur plutôt que le projet de centre d’enfouissement. C'est le cas du maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, qui avait pourtant voté pour la décharge à l’Assemblée territoriale Corse.
"L’enfouissement, c’est la pire insulte à la terre", note-t-il cette fois. "Et aujourd’hui, je le dis publiquement, entre ces deux maux je préfère encore l’incinération. Et je crois que les élus régionaux auraient du aller jusqu’à l’implantation précise et assumée, explique-t-il.
Le plan doit encore être soumis à enquête publique à la fin de l’été. Sûrement l’occasion de nouvelles passes d’arme entre tenants de l’incinération et opposants.
Reportage: Marie-France Giuliani et Laura-laure Galy