La SAFER Corse, société d'aménagement foncier et d'établissement rural tenait mardi son conseil d'administration à Porto-Vecchio. La principale mission de cet organisme est de préempter des terres pour les agriculteurs. Mais ces terrains sont aussi rares que la pression immobilière est forte.
Les comptes de la SAFER Corse sont dans le rouge : un déficit de 175.000 euros en 2014, dû à un faible volume d'activité. Et pour cause, avec 1.500 hectares à vendre par an, le marché des terres agricoles corses se compare à celui des DOMTOM ou de l'Ile-de-France.
Mais surtout c'est un tout petit marché "avec des contraintes fortes liées à une pression autre qu'agricole", commente Emmanuel Hyest, président national de la SAFER.
En clair, c'est de pression immobilière dont il s'agit. Et avec un budget en 2015 de 850.000 euros dont à peine la moitié en fonds propres, la SAFER Corse ne pèse pas bien lourd pour protéger des terres soumises à l'appétit des spéculateurs. Encore faudrait-il qu'elle le souhaite.
C'est en tout cas l'amer constat de Grégory Manenti. Cet éleveur de bovins installé sur la Plaine orientale aurait aimé agrandir son exploitation. Pour cela, il avait en vue un terrain de 5,7 hectares attenant à son exploitation.
Seulement "les terres ont été vendues à un non agriculteur" alors que le jeune éleveur se croyait prioritaire. Il se tourne aussitôt vers la SAFER, mais là sa demande de préemption ne connaîtra aucune suite. La SAFER, dit-il, lui a répondu que "si elle n’avait pas envie de préempter, elle ne préempterait pas". Dont act.
Pour se justifier, l'organisme explique devoir faire des choix et préempter principalement sur les zones littorales où la spéculation immobilière est la plus importante, en attendant que le futur PADDUC ne lui vienne (peut-être) en aide.
Actuellement à l’enquête publique, le plan d'aménagement et de développement durable de la Corse prévoit de protéger 105.000 hectares de terre agricole en Corse.
Reportage de Marie-France Giuliani, Franck Rombaldi, Vanessa Culioli