Le tribunal de commerce de Marseille a rejeté mercredi les trois offres de reprise de la compagnie maritime en redressement judiciaire SNCM et demande aux administrateurs judiciaires de procéder à un nouvel appel d'offres de reprise.
"Aucune offre ne présente de garanties sérieuses de viabilité économique, la pérennité de l'ensemble cédé ne paraissant pas assurée", critique le tribunal dans son jugement.
Le tribunal a fixé une nouvelle audience le 25 septembre - après la saison d'été - pour examiner les nouvelles propositions qui lui seront soumises.
"On enregistre avec satisfaction le fait que le tribunal n'a pas cédé aux pressions", a réagi peu après l'annonce du jugement Maurice Perrin, le représentant syndical CFE-CGC.
Dans une récente lettre adressée à l'un des repreneurs potentiels dont l'offre a été rejetée, la direction générale de la Concurrence de la Commission européenne avait en effet souligné "que la prolongation d'observation pour une période de 3 ou 4 mois soulèverait des difficultés".
Interrogé sur la saison estivale, durant laquelle la SNCM réalise une grande partie de son chiffre d'affaires annuel et qui était mise à mal par les incertitudes autour de la compagnie, Jean-François Simmarano, délégué syndical CGT des personnels sédentaires, a estimé qu'il n'y avait "plus de frilosité à avoir pour les clients: il n'y aura pas de liquidation et pas de conflit lié à une reprise qui aurait été pipée".
5 candidats au final
Trois candidats, le groupe corse Rocca, l'ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, et Baja Ferries, dirigé par Daniel Berrebi, avaient déposé une offre de reprise, examinées le 27 mai dernier.Au cours de cette audience, le procureur de la République de Marseille Brice Robin avait requis en faveur de l'offre présentée par Daniel Berrebi. Tout en ménageant l'offre concurrente du groupe corse Rocca. Il avait en revanche clairement écarté celle de Christian Garin.
Sur les 1.500 CDI environ que compte aujourd'hui la compagnie, les offres de Baja Ferries, Rocca et Christian Garin proposaient de sauver 900 postes dans le meilleur des cas.
Le 6 juin dernier, le groupe Stef, maison-mère de La Méridionale, avait demandé au tribunal de commerce de Marseille de repousser sa décision sur la reprise de la SNCM et souhaitait que soit lancé un nouvel appel d'offres.
Dans son offre, le groupe de logistique "se propose de reprendre 600 navigants en CDI et 200 sédentaires. Le prix proposé sera entre 15 et 20 millions d'euros".
Dernier rebondissement, un consortium composé de huit grandes entreprises corses s'est également porté candidat au rachat de la SNCM, dans une lettre d'intention adressée le 5 juin au tribunal.
Ce groupement d'entreprises (grande distribution, vente de matériaux de BTP, production et distribution de boissons, location de véhicules) qui revendique "un chiffre d'affaires consolidé de plus d'un milliard d'euros" et "60 % du trafic maritime corse", affirme que "la faiblesse chronique des offres" soumises jusque là au tribunal de commerce l'a conduit à proposer "une offre alternative sérieuse".