Deux jours après le match ACA-OM, le groupe de supporters ajacciens L’Orsi Ribelli sort du silence. Contrairement à ce qu’affirme la famille de Kenzo, 8 ans et gravement malade, ils assurent que « l’enfant n’a pas été frappé, ni touché ».
C’est la seconde fois que Lisandru Leca, vice-président de L’Orsi Ribelli, accepte de raconter la version des faits du groupe de supporters de l’AC Ajaccio. Il se prête à l’interview, car la version des faits de la famille agressée, parmi elle un enfant malade, en marge du match ACA-OM, samedi 3 juin, varie.
Ainsi, dans certains médias, le père de famille déclare qu’il a « chambré » les supporters ajacciens en montrant son maillot, sans « penser au mal qui allait se passer par la suite ». Lisandru Leca confirme. « Les supporters ajacciens étaient en train d’entrer dans la tribune [tribune Faedda où sont rassemblés les supporters des Orsi Ribelli ndlr.]. Et là, ils voient sur le balcon d’une loge un homme, de 30 ou 40 ans, provoquer en embrassant son maillot », raconte-t-il.
Selon ses dires, quatre acéistes prennent la direction de la loge. « Ils n’ont jamais vu l’enfant depuis les tribunes. Il devait être à l’intérieur. Ils n’étaient pas au courant qu’il y avait un enfant », précise le vice-président de L’Orsi Ribelli. Arrivés dans la pièce, ils « donnent deux coups de poing derrière la tête de l’homme et lui disent d’enlever le maillot. Une fois qu’ils l’ont récupéré, ils sont redescendus tout de suite. Personne ne touche l’enfant, personne ne lui arrache le maillot contrairement à ce que la famille raconte. »
Lisandru Leca assure que plus de 100 personnes, réunies sur le parking du stade François-Coty en attendant d’entrer, peuvent attester ces dires. « Il y a même une vidéo qui dure 30 secondes où on les voit redescendre avec un seul maillot en main, pas deux. Et c’est le maillot du père ». Il affirme dans le même temps que « le maillot n’a pas été brûlé en loge ». Sans en être certain, il évoque le parking, « aux yeux des supporters ».
« On était désemparés »
Le soir même, après un signalement sur les réseaux sociaux, l’affaire est médiatisée. Dans une publication Facebook, une proche de la famille marseillaise écrit : « Jeter un enfant de 8 ans au sol, le frapper au visage alors qu’il a un cancer du cerveau, lui arracher son maillot de l’OM, le brûler devant lui, frapper son père, bravo les débiles, vous êtes surement fiers de vous ! […] Je n’aurais jamais imaginé qu’en Corse, on pouvait s’en prendre à un enfant et en plus malade ! » Une version que la mère de famille, interviewée par de nombreux médias, adoucira en précisant que son fils a été poussé et s’est cogné le visage contre l’accoudoir d’un siège.
De leur côté, les supporters ajacciens sont « désemparés ». « Le soir, on était dans tous nos états. Le récit qui a été fait après est honteux. C’est le père qui est l’instigateur, il n’avait pas à avoir cette réaction, surtout que ses enfants étaient avec lui », estime Lisandru Leca. Il précise que durant plusieurs semaines son groupe de supporters réclamait ce qu’il n’y ait aucune couleur de l’OM dans le stade ajaccien, pour « éviter tout problème ».
Problème, selon Lisandru Leca, L’Orsi Ribelli n’a pas été prévenu de l’invitation de Kenzo et de sa famille en loge. « Si on avait été prévenus, il ne se serait rien passé. C’est une histoire plus qu’honteuse, jamais on aurait levé la main sur un enfant. On ne comprend pas comment on a pu en arriver là, et on ne comprend pas non plus les motivations », soutient-il.
« Ils n’assumeront pas des faits intolérables qu’ils n’ont pas commis »
Dimanche 4 juin, le père de Kenzo a porté plainte. Le club de l’AC Ajaccio a indiqué, dans un communiqué de presse en date du 3 juin, qu’il fera de même une fois les individus identifiés. Le parquet d’Ajaccio a ouvert une enquête. « L'ensemble des moyens est mobilisé dans le cadre de l'enquête concernant une agression inqualifiable et injustifiable », a commenté le procureur de la République d’Ajaccio, Nicolas Septe.
Face aux risques de poursuites judiciaires, le vice-président du groupe de supporters est catégorique. « Notre vision du supporterisme est d’assumer jusqu’au bout. Donc ces personnes sont d’accord pour assumer ce qu’elles ont fait, les deux coups de poing au père, pas l’enfant. Ils n’assumeront pas des faits intolérables qu’ils n’ont pas commis », tranche-t-il.
Samedi 3 juin, Kenzo, 8 ans, gravement malade, était invité par le club de l’AC Ajaccio pour réaliser un de ses rêves : rencontrer les joueurs de l’Olympique de Marseille.