L'ancien patron de la gendarmerie de Haute-Corse aurait des liens avec le Milieu insulaire

C'est ce que révèle une enquête de nos confrère de Mediapart. Le journal en ligne affirme que Lionel Lavergne, passé par la Corse et responsable de la sécurité du président de la République entre 2017 et 2019, serait lié à Jean-Luc Germani. 

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Voilà qui ne devrait pas vraiment redorer le blason des autorités en Corse.

En septembre dernier, les couacs à répétition dans l'affaire sur la tentative d'assassinat de Guy Orsoni avaient jeté le discrédit sur plusieurs hauts responsables de la Direction Régionale de la Police Judiciaire, à Ajaccio. 

L'article publié jeudi 12 novembre par nos confrères de Médiapart ne concerne pas les policiers, cette fois-ci. Il est consacré à un gendarme. Et pas n'importe lequel. 

En Haute-Corse entre 2009 et 2012

Le militaire dont il est question est Lionel Lavergne, qui a dirigé le Groupe de sécurité de la présidence de la République entre 2017 et 2019. Le GSPR, ce sont une soixantaine d'hommes et de femmes chargés d'assurer la sécurité de François Hollande, puis d'Emmanuel Macron.

Saint-cyrien et général de brigade, il est considéré, selon Mediapart, comme "l'un des officiers les plus brillants de sa génération".
Un officier passé par la Corse, où il avait dirigé, entre 2009 et 2012, le groupement de gendarmerie de Haute-Corse. 
Au terme de trois années d'enquête, le journal en ligne affirme que Lionel Lavergne entretiendrait des liens avec le milieu du grand banditisme insulaire, et plus particulièrement avec Jean-Luc Germani.

Rien ne prouve que les deux hommes aient été en contact direct, mais le lien se serait fait par l'intermédiaire d'un autre insulaire, originaire comme Jean-Luc Germani, de la Plaine Orientale.
Ce quinquagénaire et Lavergne se seraient rencontrés au sein d'une loge du Grand Orient de France. 

En 2014, alors que Lionel Lavergne s'apprête à rejoindre l'Elysée, son confrère franc-maçon a une conversation téléphonique avec un proche resté en Corse, présenté par Mediapart comme en lien avec le grand banditisme.
Il parle de son "ami gendarme", qui va avoir "un super boulot, ça va être bon pour nous".

On pensait que l'affaire allait éclater. Mais rien. Il était protégé.

Un enquêteur

La conversation est écoutée par la police qui arrivera à déterminer qu'ils parlent de Lionel Lavergne grâce à un autre coup de fil.
Lionel Lavergne recevra en effet un appel de son ami Corse présenté par Mediapart comme proche du grand banditisme, dans une autre conversation enregistrée par les policiers qui identifient le haut-gradé. 

Une carrière spectaculaire

Ces liens font alors l'objet d'un rapport de signalement de la part de la BNLCOC, la Brigade Nationale de Lutte Contre la Criminalité Corse. Sans qu'aucune suite ne soit donnée à ce signalement. Ni côté police, ni côté gendarmerie. 

Ce que confirme Denis Favier, l'ancien directeur général de la gendarmerie nationale. "J'en ai entendu parler (...) mais je n'ai pas été saisi officiellement", confie l'ancien directeur général de la gendarmerie nationale. Qui affirme qu'on ne lui "a rien montré de probant". 

Quel est l'intérêt de publier cette histoire maintenant ?

Lionel Lavergne

Selon l'un des enquêteurs, "le colonel Lavergne n'a jamais été entendu. Dans notre service on pendait tous que l'affaire allait au moins éclater médiatiquement [Lors de sa nomination à l'Elysée - NDLR]. Rien. Il était protégé". 

"Vous n'avez pas compris à qui vous avez affaire. J'ai des amitiés philosophiques", se serait un jour vanté le gendarme auprès du directeur de cabinet de François Hollande, Thierry Lataste. Une allusion, selon Mediapart, à ses réseaux franc-maçons. 

Devoir de réserve

Aujourd'hui, le général de brigade n'est plus à l'Elysée. Il supervise les missions des 123.000 gendarmes d'active et réservistes à la Direction des Opérations et de l'Emploi. 

Lionel Lavergne a refusé de répondre aux questions des journalistes. "Quel est l'intérêt de publier cette histoire maintenant ? Je ne m'exprimerai pas. J'ai un devoir de réserve".

Au final, l'enquête des journalistes de Mediapart met en lumière les contacts avérés entre l'ancien patron de la gendarmerie de Haute-Corse et un proche d'une figure du grand bantisme, mais rien ne vient accréditer la thèse d'une infraction pénale ou de collusions entre les deux parties. 
Lionel Lavergne n'est mis en cause dans aucune affaire judiciaire, et aucune procédure interne à son encontre n'a été ouverte. 

 

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