Après la crise Covid, Corse Composites Aéronautiques opère sa mue

Après deux ans de quasi-inactivité, le secteur de l’aéronautique se relance et se transforme. Un virage que compte réussir le groupe Corse Composites Aéronautiques pour peser encore plus au sein de cette filière concurrentielle.

C’est depuis le salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget que Jean-Yves Leccia répond. La veille, le directeur général de Corse Composites Aéronautiques (CCA) s’est entretenu longuement avec le ministre des Transports, Clément Beaune.

Car cette année, le groupe insulaire a été sélectionné par la direction générale de l’aviation civile pour être leader d’un programme de recherches. « Il est basé sur le processus de développement de pièces complexes en matériaux composites. Pour être clair, un cycle de développement d’une pièce dure entre quatre à cinq ans et est très complexe. Il nécessite que l’on fasse appel à de l’expérience. Notre programme se porte sur la question suivante : comment je capitalise cette expérience, qui fait partie des compétences de certaines personnes dans l’entreprise, en la transformant pour la digitaliser, donc en gros en faire des programmes informatiques », détaille Jean-Yves Leccia.

« On a une position particulière, mais qui nous convient bien »

Cette sélection est une première pour le groupe insulaire qui fêtera ses 40 ans cette année. Fort de plus de 400 salariés -200 d’entre eux travaillent à la maison mère d’Ajaccio, 200 autres au sein d’une filiale en Tunisie et une dizaine dans des bureaux à Toulouse et Nantes – le groupe est considéré comme le petit poucet de l’aéronautique.

« Notre plus petit et seul concurrent en France est 20 fois plus gros que nous. Nos autres concurrents sont beaucoup plus gros que nous et se trouvent à travers le monde. Nous parvenons à leur faire concurrence, car on s’est spécialisé sur certaines familles de pièces. L’intérêt de notre entreprise, c’est d’être petit, donc on est beaucoup plus agile, plus réactif, on est beaucoup plus attentionné à développer des solutions plus innovantes. On a une position très particulière, mais qui nous convient bien », livre le directeur général de CCA.

Augmenter les cadences

D’abord fabricant de pièces, le groupe a vécu une première transformation, il y a une quinzaine d’années, en devenant « développeur de solutions composite » et travaille directement avec les deux leaders de l’aviation civile, Airbus et Boeing, ainsi que pour Dassault. Il leur propose des « fonctions pour les avions que l’on développe nous-mêmes ». « On a notre propre bureau d’études qui va concevoir les pièces, les calculer, les certifier puis les produire ». Un fonctionnement qui est la valeur ajoutée du groupe insulaire.

S’il se lance actuellement dans la recherche, c’est pour pouvoir se positionner dès que les cadences de production recommenceront à augmenter. Le secteur a été touché de plein fouet par la crise du Covid, et devrait retrouver son activité de 2019 entre 2024 et 2025. « Les nouveaux programmes qui seront annoncés dans trois ou quatre ans par Airbus et Boeing, seront dimensionnés pour des cadences avions de 100 avions par mois », explique Jean-Yves Leccia.

À titre de comparaison, le groupe livre actuellement 60 appareils par mois pour les A320 et 737 pour Airbus et Boeing. À l’horizon 2025, 15 pièces supplémentaires seront remises mensuellement. « Ces programmes arrivent en fin de vie, et on veut absolument faire partie des gens qui vont capter des parties des nouveaux programmes. Et pour les capter, il faut pouvoir justifier d’une forte robotisation en étant extrêmement répétitif dans le processus de production », indique le directeur général de CCA.

10 millions d’euros d’investissement

Pour ce faire, le groupe entre dans une nouvelle phase de transformation. D’une part, il a investi 10 millions d’euros en deux ans sur le site d’Ajaccio qui compte environ 200 salariés. Une première depuis la création de l’entreprise. « On a investi dans des outils qui nous permettent d’être plus compétitifs, et plus répétitifs, dans ce que l’on fait. On a également énormément numérisé le site », complète Jean-Yves Leccia.

D’autre part, le site insulaire, vise à devenir « un pôle d’excellence ». « On y retrouve le bureau d’étude, de développement, la production qui permet de participer au développement et de tester des solutions puis ensuite de les stabiliser. La production va ensuite dans notre pôle de production qui est en Tunisie. » Ce deuxième site, compte également 200 salariés environ et sera également étendu afin de pouvoir suivre l’augmentation des cadences.

Malgré tout, l’entreprise, comme toutes celles du secteur au niveau international, peine à recruter. Ainsi, une vingtaine de postes de techniciens et d’ingénieurs sont à pourvoir depuis plus d’un an sur le site d’Ajaccio. 

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