Jeudi 27 octobre, l’hémicycle de l’Assemblée de Corse a été investi par une soixantaine de membres de 11 organisations notamment de défense des prisonniers dits politiques. Un événement qui “n’est pas condamnable” pour Gilles Simeoni, président du conseil exécutif.
À l’Assemblée de Corse (ADC), une résolution sur le statut des prisonniers dits politiques et la reprise des discussions engagées entre l’île et l’État a été adoptée à l’unanimité, jeudi 27 octobre. Le texte est le résultat de plusieurs heures de discussions entre les élus insulaires et 11 organisations.
Plus tôt dans la journée, une soixantaine de leurs membres ont envahi l’hémicycle, soumettant au vote des conseillers territoriaux un document pour la prise en compte des prisonniers dits politiques dans les négociations sur l’avenir institutionnel de l’île avec Paris. Un événement rare qui a entraîné une interruption de séance de plus de 10 heures.
“Il y a une situation de tension qui va croissant”
Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, qualifie de “regrettables” certains aspects de cette intrusion, néanmoins “il n’y a pas à condamner ce qui s’est passé”. Selon lui, “il y a une situation de tension qui va croissant depuis plusieurs mois, et même depuis plusieurs années. Depuis décembre 2015, la question des prisonniers politiques a été posée dans toute son acuité et nous sommes allés de promesses non tenues à des décisions de justice incompréhensibles. Il y a aussi l'aspect humain avec beaucoup de souffrance.”
Cette tension a été “désamorcée”, pour Gilles Simeoni, “par le dialogue et par la volonté partagée des élus, dans la diversité de leurs convictions, et par les associations afin d’essayer de continuer à avancer ensemble.” Une démarche à “renforcer” pour “véritablement réussir, notamment à obtenir la libération de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi ainsi que la vérité sur les conditions de l’assassinat d’Yvan Colonna. Et puis, au-delà, d'inclure la question des prisonniers politiques dans toutes ses dimensions dans le champ du dialogue.”
“La balle est aujourd’hui dans le camp de Paris”
Mais l’intrusion de ces manifestants ne vient-elle pas entacher la crédibilité de l’ADC vis-à-vis du gouvernement ? D’autant plus que la veille, la Cour de cassation a accédé à la demande de Pierre Alessandri en cassant la décision de la cour d'appel de Paris lui refusant un régime de semi-liberté.
Non, pour le président du conseil exécutif de Corse. “La décision de la Cour de cassation est importante parce qu'elle ouvre une perspective à court terme pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Et je crois que l'institution, collectivité de Corse, a fait la preuve de sa détermination, de son esprit de responsabilité. Elle l'a donné encore aujourd'hui, d'abord par le dialogue, ensuite, par un vote à l'unanimité. Donc je crois clairement que la balle est aujourd'hui dans le camp de Paris.”
Ce vendredi, le calme est revenu dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse. La session a repris son cours normal par l’étude, notamment, du rapport sur le budget supplémentaire de la collectivité de Corse.