Suspendue hier en raison de l’occupation de la préfecture par des élus nationalistes, la session de l’Assemblée de Corse a repris ce vendredi matin. Une séance à laquelle la droite a décidé de ne pas participer.
Décidément, cette session ordinaire de l’Assemblée de Corse n’en est vraiment pas une. Après avoir été suspendue ce jeudi en raison de l’action menée en préfecture par des conseillers territoriaux nationalistes, la séance de reprise de ce vendredi matin a été marquée par un nouveau coup de théâtre : le groupe de droite "Un soffiu novu" a décidé de ne pas y participer. Ses membres ont quitté l’hémicycle.
Avant l’ouverture des débats, son président Laurent Marcangeli demande à prendre la parole :
"L’information du jour n’est pas la décision qui a été prise d’aller dans des lieux dont la Collectivité de Corse est propriétaire. L’info du jour c’est ça, lâche-t-il en montrant la Une de Corse-Matin intitulée "La guerre en Europe". En dépit d’éléments qui peuvent porter à jugement grave de la part de l’État, nous ne pouvons pas cautionner ce qui s’est passé. Au moment où des femmes et des hommes dorment dans des métros, fuient un pays, autant vous le dire, même si je respecte vos positions, j’étais mal à l’aise hier." Pour rappel, les élus de droite ne s’étaient pas joints à l’action menée en préfecture.
Après avoir souligné "un ordre du jour maigre", Laurent Marcangeli ajoute : "Nous nous retirons pour exprimer notre mécontentement par rapport au fait qu’hier (jeudi) nous étions venus pour travailler. Je vous rappelle qu’il y a ici des femmes et des hommes qui se déplacent de loin et qui ont été empêchés de faire leur travail. Autant être clair et direct, notre groupe a pris la décision de ne pas participer à la session de ce jour. Si vous n’êtes pas contents, c’est pareil. Et je vous remercie de vos désapprobations et de vos rires. Mais hier, c’était moi qui avais un peu envie de rire quand je vous voyais."
"Paradoxe du reproche"
Au moment où les conseillers de droite quittent l’hémicycle, le volume sonore monte de quelques décibels avec des élus nationalistes. "Pas d’interpellation et de chjam’è rispondi !", recadre la présidente Maupertuis.
"Vous n’avez pas à nous menacer dans cette enceinte", adresse Jean-Biancucci, président du groupe "Fà populu inseme", en direction des conseillers "Un soffiu novu".
Le calme revient très vite. Marie-Antoinette Maupertuis reprend la parole : "Je rappelle que le soutien à l’Ukraine a été manifesté hier matin par cette Assemblée."
Gilles Simeoni lui emboîte le pas : "Je respecte la décision prise par Laurent Marcangeli et son groupe, expose le président de l'Éxecutif. Cependant, il nous dit que le problème aujourd’hui c’est la guerre en Ukraine, ce que nous avons évoqué (hier) dans cet hémicycle. Nous avons exprimé notre solidarité forte au peuple ukrainien. Je trouve singulier que Laurent Marcangeli fasse semblant de l’oublier alors même que le hasard du calendrier a fait que l’Assemblée de Corse a été la première en Europe à se prononcer officiellement. Ensuite, il y a un paradoxe : le groupe "Un soffiu novu" dit nous reproche de ne pas nous être exprimés sur l’Ukraine. Et lorsque nous nous exprimons sur d’autres conflits, il nous reproche de nous préoccuper de ce qui se passe en dehors de la Corse alors que selon lui nous devrions nous consacrer exclusivement à ce qui relève de nos compétences stricto sensu. "
Chacun a ses raisons de partir. Dans cette Assemblée, il faut se respecter.
"On ne peut pas passer sous silence et faire comme si rien ne s’était passé, relève Hyacinthe Vanni, élu "Fà populu inseme". Chacun a ses raisons de partir. Dans cette Assemblée, il faut se respecter. On ne se montre pas du doigt, on ne s’interpelle pas. On peut ne pas être d’accord et débattre sereinement."
La séance a ensuite repris avec le premier rapport du jour consacré aux orientations budgétaires pour l’exercice 2022. Un débat qui s'est déroulé sans la droite.