Ce vendredi 25 novembre, lors de la seconde journée de la session de l’Assemblée de Corse, un rapport d’information sur la tempête du 18 août 2022 a été présenté par le conseil exécutif. Cet événement météorologique, qui a fait cinq morts, pose la question de la gestion de crise dans l’île.
« Un événement climatique atypique, d’une soudaineté et d’une violence sans équivalent ou presque. » C’est en ces termes que le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a décrit les violents orages qui ont frappé l’île le 18 août dernier.
Ce phénomène météorologique n’a pas été repéré par les prévisionnistes. Cinq personnes sont mortes, dont deux en mer, 20 autres ont été blessées, et de nombreux dégâts matériels ont été enregistrés sur l’ensemble de l’île. Lors de cet épisode, des rafales de vent ont atteint 225 km/h à Marignana ou encore 205 km/h à L’Île-Rousse. « Cela est susceptible de se reproduire eu égard au réchauffement climatique », commente Gilles Simeoni.
Il y a un cumul de facteurs, dont certains fautifs, ont conduit à un déficit d’anticipation.
Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse
Reporté à plusieurs reprises, un rapport d’information sur cette tempête a été présenté à l’Assemblée de Corse, ce vendredi 25 novembre. « D’un point de vue de la réactivité, la collectivité de Corse a été à la hauteur de cet événement dramatique. Dans la seule matinée du 18 août, 178 opérations de dégagement et de la réouverture du réseau routier ont été menées à bien. Elles ont mobilisé 120 agents », explique le président du conseil exécutif.
Le dispositif Météo France insuffisant ?
Néanmoins, ces violents orages ont également mis révélé « la nécessité d’améliorer les infrastructures fixes et mobiles de l’île ». Si Gilles Simeoni reconnaît qu’un « cumul de facteurs, dont certains fautifs, ont conduit à un déficit d’anticipation », il dit attendre les conclusions d’une enquête administrative « pour aller plus loin ». « Je ne veux pas faire de procès d’intention », commente-t-il.
Parmi les problématiques majeures mises en lumière par cet événement : la diminution des effectifs au sein de Météo France. « Ils ont été diminués de manière importante, y compris en Corse. Ils ont été divisés par deux ou par trois. Un certain nombre d’analyses qui ont été traitées, avant cette réforme, en temps réel en Corse, sont désormais transmises et analysées, avec un décalage sur le continent. Il ressort clairement que le dispositif global de Météo France, aujourd’hui, n’est pas adapté aux nouveaux enjeux posés par le réchauffement climatique », détaille le président du conseil exécutif de Corse qui plaide pour la mise en place d’un service public de météorologie dimensionné à l’échelle du territoire insulaire.
Face au risque potentiel de récurrence de ces phénomènes météorologiques aux conséquences graves, Gilles Simeoni appuie sur le besoin de « repenser l’ensemble du processus de gestion de crise. » « Nous ne sommes pas équipés et organisés structurellement pour répondre à ces événements. »
« Les structures et les infrastructures n’ont pas suivi »
Pour Paul Quastana, membre du groupe Core in Fronte, il est également impératif de se pencher sur la tourisme. « En 20 ou 30 ans, la population de ce pays a doublé et les structures et infrastructures n’ont pas suivi. À plus forte raison, lorsque l’on se retrouve en période estivale avec des centaines de milliers de touristes qui débarquent. Le réseau routier est un véritable cauchemar, l’eau et le réseau d’assainissement, c’est pareil. Rien, dans ce pays n’est dimensionné pour accueillir de telles hordes. En attendant d’opérer ce dimensionnement et pour éviter une catastrophe humaine de grande ampleur, je crois qu’il va falloir réguler le flux touristique, car la catastrophe naturelle va devenir la règle », estime-t-il.
Le conseiller territorial Avanzemu, Xavier Luciani, propose quant à lui de prendre exemple sur la Sardaigne voisine. « Ils ont au sein de leur agence régionale de protection de l’environnement, un département météo-climato qui permet notamment d’avoir une couverture qui dépasse le terrestre et qui va sur la mer. Je ne dis pas que ça va empêcher des tempêtes, mais ça va peut-être nous aider sur la prévention. L’anticipation peut sauver beaucoup plus de vie que les moyens », défend-il.
Sur les bancs, plusieurs conseillers territoriaux des groupes nationalistes réclament une souveraineté en matière de secours ou de services météorologiques. Une idée que Jean-Martin Mondoloni, co-président du groupe de droite « Un Soffiu novu », réfute. « Il ne faut pas réclamer une gouvernance dont nous savons très bien que, pour l’heure, nous n’aurions pas les moyens d’exercer. La question aujourd’hui, c’est comment on mutualise de façon beaucoup plus réactive les moyens qui appartiennent aux uns et aux autres. Ce n’est pas au bénéfice d’une faille qu’il faut tirer des conclusions hâtives sur le thème : nous devons exercer cette compétence », considère-t-il.
L’Assemblée de Corse a pris acte de ce rapport d’information.