Depuis le 7 mars, de nombreux lycées de Corse étaient bloqués en soutien à Yvan Colonna. Inquiets à l'approche des épreuves du baccalauréat, les parents d'élèves souhaitent que les lycéens puissent retourner en cours. Ce 23 mars seul un établissement est encore totalement bloqué.
Ce mercredi 23 mars, selon le rectorat, seul le lycée du Fium'Orbu est encore entièrement bloqué. A Ajaccio les blocages des lycées Fesch et Laetitia ont été levés dans la matinée. Les lycées professionnels Vincensini et Jean Nicoli de Bastia et le lycée de Sartene font toujours l'objet de blocages partiels : les élèves qui le souhaitent peuvent entrer et assister aux cours.
Frictions au lycée Fesch
Dès hier la FCPE2A Cité Scolaire Fesch avait fait savoir par voie de presse qu'elle exigeait que tous les élèves puissent retourner en classe.
Ce matin un huissier de justice était présent devant les grilles du lycée Fesch, dont l'entrée était entravée par des lycéens. L'identité des élèves "bloqueurs" a été demandée, soulevant protestations et haussements de voix.
La représentante des parents d'élèves FCPE de l'établissement affirme que ce n'est pas l'huissier qui a demandé ces identités : "En réalité c'était une maman énervée qui voulait connaître leur identité" déclare Marie-Pierre Mousmy-Pantalacci.
De son côté, le président de la FCP de Corse-du-Sud Claude Perrin se dit en désaccord avec la démarche entreprise par les parents d'élèves du lycée Fesch : "Faire procéder à un constat d'huissier sur le blocage, c'est une provocation. Nous sommes plutôt dans une logique d'apaisement et nous ne nous y retrouvons pas dans cette démarche qui n'a pas été concertée."
Le blocus du lycée a été levé dans la matinée, et selon Marie-Pierre Mousmy-Pantalacci, "il y a eu un engagement écrit de la part des lycéens de ne pas faire blocus demain et après-demain."
Perdre deux semaines de cours, ce n'est pas anodin
Jean-Marc Pupponi, professeur d'histoire
Enseignant en histoire-géographie au lycée Laetitia et représentant du syndicat SNES-FSU, Jean-Marc Pupponi comprend que la tentative d'assassinat dont a été victime Yvan Colonna, puis son décès, aient engendré réactions et mobilisations des lycéens.
Dans la violence qui s'est manifestée il voit le signe d'un malaise plus profond, mais estime surtout qu'il est temps pour les lycéens de retourner en classe : "Perdre deux semaines de cours, ce n'est pas anodin, et c'est difficile à rattraper. Il est temps que les jeunes réfléchissent à la poursuite de leur mouvement, à trouver d'autres formes, et il est nécessaire maintenant de retourner en cours."
L'inquiétude légitime des parents
Le calendrier pour le baccalauréat laisse peu de temps de préparation aux lycéens : les épreuves portant sur les deux enseignements de spécialité suivis en classe de terminale auront lieu du 11 au 13 mai.
Pour les baccalauréats technologiques, les premières épreuves sont prévues entre le 23 mai et le 3 juin 2022.
Les élèves de première ont un peu plus de marge, les épreuves écrites anticipées de français se dérouleront le 16 juin.
"On est inquiets quand on est parent de lycéens parce que vous avez les terminales et aussi les premières qui vont passer le Bac. Pour les terminales ça commence dans un mois et demi et on ne peut pas se permettre d'aller à cette épreuve sans avoir été préparé et sans avoir eu tous les cours qui s'imposent" témoigne Marie-Pierre Mousmy-Pantalacci.
Pour Claude Perrin, cette inquiétude est légitime: "On comprend cette inquiétude pour l'avenir, c'est une phase assez cruciale pour leurs enfants."
Autre échéance pour les terminales : la formulation des voeux sur la plateforme Parcoursup, dont l'échéance est fixée au 29 mars.