Ce lundi, la cour d'assises de la Corse-du-Sud devait juger les violents braquages survenus en 2018 au domicile de deux commerçants dans le Sartenais. À la demande de la défense, l'audience a été renvoyée, l'un des deux accusés n'ayant pu être assisté de son avocat.
Les deux commerçants du Sartenais braqués et agressés en 2018 à leur domicile devront encore prendre leur mal en patience. À partir de ce lundi 11 octobre, la cour d'assises d'Ajaccio devait juger pendant cinq jours leurs agresseurs présumés, Joseph Pajanacci et Soufian Boukou. Finalement, devant une salle d'audience quasiment pleine, le procès a été renvoyé.
Cela fait suite à une demande de la défense adressée le 9 octobre à la cour. L'un des deux accusés, Joseph Pajanacci, s'est retrouvé sans avocat ce lundi au tribunal : touché par le Covid-19, Me Jean-François Casalta est contraint à l'isolement et ne peut l'assister. Me Laetitia Maricourt-Balisoni a quant à elle indiqué par courrier ne plus assurer la défense du jeune Sartenais de 22 ans.
Après s'être retirée pendant quelques minutes pour délibérer, la cour a décidé de reporter le procès.
"Je ne suis pas surprise du renvoi, car il n'y avait pas trop de possibilté de juger ce dossier dans des conditions dignes et sereines en l'absence d'un avocat pour l'un des accusés, indique Anna-Maria Sollacaro, conseil des deux commerçants agressés. Il faut savoir que la présence d'un avocat est obligatoire aux assises. Et c'est dans le droit le plus absolu de l'accusé de choisir son conseil. Je suis avant tout avocate et je ne peux que m'incliner devant cette décision qui remet les débats à plus tard."
Rappel des faits
En septembre 2018, deux braquages violents avaient été commis au domicile de deux commerçants dans le Sartenais. Le premier avait eu lieu à Fozzano. Artisan âgé d'une cinquantaine d'années, Franck Gendron avait été frappé au visage et aux côtes avant d'être aspergé de lessive. Ses agresseurs lui avaient volé 4.000 euros et des armes.
Dix jours plus tard, à Sartène, Jean-François Giacomini avait été sauvagement agressé à son domicile. En pleine nuit, ce propriétaire d'un magasin d'antiquités s'était réveillé avec deux braqueurs armés et cagoulés au pied de son lit. Sa mère, alors âgée de 92 ans - et décédée en 2020 -, avait également été brutalisée par un troisième homme. Après avoir ligoté le commerçant de 70 ans, les malfaiteurs avaient dérobé des objets de valeur et étaient repartis avec 70 euros.
L'affaire avait suscité un vif émoi dans la région. Un rassemblement de soutien à l'antiquaire avait réuni 500 personnes à Sartène.
Deux accusés dans le box
Dans la foulée de ses agressions, l'enquête avait permis d'établir des liens entre les deux braquages à domicile. Si, à chaque fois, les victimes font état de trois agresseurs, seules deux personnes se retrouvent devant les assises : Joseph Pajanacci et Soufian Boukou sont accusés de vol en bande organisée avec arme. Tous deux âgés de 22 ans, ils nient les faits qui leur sont reprochés.
Détenu depuis novembre 2018, Joseph Pajanacci est poursuivi dans les deux affaires. Sous contrôle judiciaire depuis fin 2019, Soufian Boukou a quant à lui bénéficié d'un non-lieu dans celle de Fozzano. Le 14 septembre 2018, au moment du braquage, il passait un stage de récupération de points du permis de conduire.
"On a totalement renversé la charge de la preuve puisque, de preuves, il n'y en a pas, explique Antoine Vinier-Orsetti, avocat de Soufian Boukou. On ne cesse de demander à monsieur Boukou dans le cadre de cette information judiciaire de prouver son innocence. Ce n'est pas à nous de la prouver mais au ministère public de rapporter la preuve de la culpabilité de mon client. Et je le dis, tout à fait tranquillement, il n'y a aucune preuve qui permet de le relier à ces deux séries de faits regrettables. Pour notre part, nous aurion préféré que ce procès se tienne pour que son innocence puisse être consacrée par la cour d'assises."
L'audience concernant ses deux affaires pourrait se dérouler entre le 24 janvier et le 4 février 2022.