La session fut houleuse ce jeudi 9 mars à l'Assemblée de Corse. Après des échanges animés concernant les discussions entre Paris et la Corse, le débat budgétaire n'a pas calmé les esprits. Au final, un budget adopté au forceps, avec les seules voix des conseillers Fà Populu Inseme.
C'est conscient des critiques qu'il va susciter que le président de l'Exécutif Gilles Simeoni a présenté, jeudi 9 mars, le budget primitif 2023. Soit un 1,4 milliard d'euros, dont 370 millions en investissement. L'exécutif envisage un emprunt de 100 millions, malgré une dette avoisinant le milliard d'euros.
“Je ne vois pas les traceurs annoncés d'un changement"
De quoi susciter des interrogations, voire des critiques, sur les bancs des oppositions. A commencer par Josepha Giacometti-Piredda. La représentante de Corsica Libera à l'Assemblée de Corse fait part de ses doutes. “Lorsque j'étais avec d'autres, assise sur d'autres bancs, j'assumais notamment d'avoir un recours à l'emprunt, si celui-ci devait répondre à des objectifs politiques et qu'il était raisonné”, indique-t-elle.
Paul-Félix Benedetti, quant à lui, n'y va pas par quatre chemins. “Je ne vois pas les traceurs annoncés d'un changement de politique territoriale, d'une volonté sociale d'harmonisation des hommes et des femmes et des territoires”, affirme le président du groupe Core in Fronte.
"Construire un pays"
Pour Jean-Christophe Angelini, le budget n'est pas à la hauteur des enjeux, notamment pour ce qui relève, selon lui, du défi migratoire auquel la Corse serait confrontée. “Vous dirigez l'une des régions d'Europe dans lesquelles les mutations démographiques sont les plus brutales. En 2002, nous étions 245 000 ou 250 000, en 2022 ou 2023, on est 345 000. Ce budget n'est pas le bon. Est-ce qu'on est vraiment dans la situation où il peut nous aider à corriger, non pas à la marge, mais fondamentalement la trajectoire ?”, interroge le maire de Porto-Vecchio et président du groupe Avanzemu.
Des interrogations auxquelles le président de l'Exécutif tâche d'apporter des réponses. “La trajectoire, on a des marges de manœuvre qui sont limitées, mais ce budget, ce n'est pas un budget nationaliste, seulement, c'est un budget qui vise effectivement à construire un pays”
Transfert de fiscalité
À droite, on estime qu'il faut une expertise financière dans la perspective d'éventuelles évolutions institutionnelles, comme l'explique le coprésident du groupe Un Soffiu Novu Jean-Martin Mondoloni. “Nous, on ne va pas tomber dans le piège qui consiste à laisser penser et introduire dans les cerveaux, comme vous commencez à le faire sur une petite musique de fond, que la seule hypothèse de sortie de ce qu'on est en train de vivre, ce serait le transfert de fiscalité. On vous le dit, on vous le répète, nous, on veut des simulations.”
Louis Pozzo di Borgo, président de la commission des finances, lui répond. “Ce que nous voulons prouver, c'est qu'à périmètre constant, ce budget ne pourra pas perdurer, en tout cas, pas dans le périmètre qui est le nôtre aujourd'hui. Il faudra forcément faire des choix douloureux dans notre action, nous ne voulons pas. Nous disons que ce processus que nous voulons historique doit nous permettre d'avoir un transfert de fiscalité afin d'être maîtres de nos recettes, mais aussi de la façon dont allons nous utiliser.”
Tous les groupes d'opposition ont voté contre le budget primitif. Seul Fà Populu Inseme a voté pour.
Retrouvez le reportage de Dominique Moret et Jennifer Cappai-Squarcini :