Des cercueils vides, des ossements et des restes humains dans des sacs poubelles ont été découverts en plein coeur d'une décharge sauvage, sur une route qui relie Bigorno à Murato. Une enquête pour "profanation de sépultures" a été ouverte par le parquet de Bastia.
L'affaire suscite l'émoi et est au centre, depuis plusieurs jours, de bien des discussions dans la micro-région.
Le 9 avril, Christophe Graziani, maire de Bigorno, découvre trois cercueils vides, jetés en contrebas d'une route qui relie Murato à sa commune. Ceux-ci se trouvent au plein coeur d'une décharge sauvage bien connue des habitants, entre déchets et carcasses d'animaux.
Indigné, l'élu capture l'image et la poste sur son compte Twitter. Il interpelle en parallèle la gendarmerie, qui effectue des premières constations sur les lieux en fin de journée. L'histoire déjà sordide prend un tournant plus horrifiant encore le lendemain : à proximité des cercueils sont retrouvés plusieurs sacs poubelles remplis d'ossements et de restes humains en divers états de décomposition.
Ceux-ci correspondraient à au moins trois corps différents. La date de leur décès, précise le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viorney, est "à priori estimé à moins de cinquante années". Mais d'où proviennent-ils ?
À Campitello, un village voisin, sept corps ont été recemment exhumés d'un caveau familial. Les deux affaires pourraient être liées.
La famille n'habite plus la commune depuis des années, et le neveu qui restait propriétaire de la concession aurait souhaité la céder à la mairie. C'est en tout cas ce qu'indique le maire, qui n'a pas voulu faire d'autres commentaires. Quant au neveu, il n'a à cette heure et selon nos informations pas été joint par la mairie au sujet de cette affaire, et n'a pas pu être contacté par nos soins.
La piste d'une exhumation sauvage privilégiée
Seule information vérifiée à ce stade : les pompes funèbres de Ponte-Leccia ont été chargées d'effectuer l'exhumation de Campitello. Le retrait des cercueils s'est déroulé début mars, indique Edouard Scalise, gérant de l'entreprise. Lui se défend de toute autre implication dans cette affaire, et se dit prêt à répondre aux questions des enquêteurs : "Ils peuvent venir, j'ai tous les documents, tout ce qu'il faut. Moi, personnellement, je n'ai rien à me reprocher dans cette exhumation."
Le propriétaire de la concession l'aurait contacté un mois plus tôt. "Le 7 mars, je suis venu enlever les cercueils comme prévu", détaille-t-il. Edouard Scalise les aurait par la suite transmis à une tierce personne, chargée par le neveu de les brûler. "Il les a brûlés dans une propriété privée, de façon à ne pas les jeter ou les mettre dans un conteneur à ordures, parce qu'on ne le peut pas."
Après quoi les corps récupérés auraient été incinérés et conservés dans trois urnes. Urnes que le gérant des pompes funèbres aurait enfin lui-même déposé dans le colombarium de Campitello, selon les souhaits du propriétaire, et avec l'accord de la mairie.
Contacté, le parquet de Bastia indique qu'une enquête pour "violation de sépulture et atteinte à la dignité de cadavres" est en cours, confiée à la gendarmerie de Borgo.
La thèse privilégiée : celle d'une exhumation sauvage. Les investigations se poursuivent avec notamment l'identification et la reconstitution des corps. Les cercueils ont été récupérés et sont en cours d'examen. Plusieurs auditions se sont également tenues hier après-midi.