Le syndicat « Salameria Corsa » s'inquiète de la mise en place d'une IGP, une indication géographique protégée accordée à un consortium de salaisonniers sur différents produits de charcuterie. Une nouvelle appellation moins contraignante que la traditionnelle AOP.
Purcaghju à Cuttoli, Felix Torre fait partie des 75 éleveurs insulaires installés en AOP (appellation d'origine protégée). De l'élevage à l'affinage en passant par la transformation, l'agriculteur doit respecter de nombreuses contraintes liées à l'alimentation, à l'altitude, mais aussi et surtout à la race des porcs élevés.
Ces derniers sont obligatoirement d'origine corse. « Il faut travailler en AOP, travailler avec la race Nustrale pour les cochons. Là où c’est contraignant, c’est l’alimentation. L’aliment truies quand elles sont en mise bas, les porcelets, au sevrage, on met un aliment pendant trois ou quatre mois. Après, on passe à la farine d’orge et au petit-lait. Surtout, il faut que ça soit fini à la châtaigne et aux glands », énumère Félix Torre.
Prisuttu, Coppa et Lonzu
L'AOP, accordée en 2014, est unique en France pour de la charcuterie. Elle concerne trois produits : le Prisuttu, la Coppa et le Lonzu. Une appellation très contraignante, mais qui est synonyme d'authenticité et de typicité pour le consommateur.
Mais cette année, une nouvelle identification pourrait voir le jour, une IGP pour indication géographique protégée. « IGP Île de Beauté » pour sept produits différents à la demande du consortium des salaisonniers de Corse. Des producteurs industriels.
« Pas de matière première corse »
Si là aussi un cahier des charges existe, il est beaucoup moins contraignant de l'élevage à l'affinage, notamment en ce qui concerne la race des porcs élevés. Pas forcément d'origine corse.
Pour les éleveurs AOP, cette indication porte à confusion. « Je pense que l’IGP va tromper le client. Il va arriver, il va faire les marchés, les foires, il va y avoir de la charcuterie en AOP en fermière et va y avoir celle-ci avec l’IGP. Elle va récupérer ‘Île de Beauté’ et ‘Corsica’, et ça n’a rien à voir, ça n’a pas de matière première corse », souligne Félix Torre.
Le syndicat « Salameria Corsa » qui regroupe producteurs AOP et fermier se réunira demain à Altiani pour s'opposer à cette nouvelle identification.