La crise du Coronavirus et le confinement frappent de plein fouet les producteurs et les agriculteurs. En Corse, deux pages Facebook ont été créées afin de mettre en relation ces professionnels avec des consommateurs. Le succès a été instantané.
Face à l’épidémie de Coronavirus et aux mesures de confinement, les producteurs, artisans et agriculteurs corses trouvent leur salut sur les réseaux sociaux.
Tout commence le 31 mars dernier, lorsque Pierrick Chinot décide de créer un groupe Facebook « du producteur au consommateur 2b ». « Au début du confinement, je faisais des livraisons pour des amis producteurs, pour des voisins ou de la famille. Puis j’ai eu l’idée de ce groupe, comme une sorte de marché virtuel. Dès le premier jour, 5.000 personnes se sont inscrites », témoigne-t-il.
J'ai eu l'idée de ce groupe, comme une sorte de marché virtuel
Quelque temps plus tard, la Corse-du-Sud fait de même, à l’initiative du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA). « On recevait beaucoup d’appels de professionnels qui ne savaient plus quoi faire de leurs stocks, notamment en produits frais. Un de nos élus a vu que des pages Facebook, dans d’autres départements, mettaient en relation des producteurs locaux avec des consommateurs, notamment en Haute-Corse, on a donc fait la même chose », explique Francesca Filippi, animatrice au sein des JA Corse-du-Sud.
Plus de 300 professionnels répertoriés
Actuellement, le groupe de Haute-Corse regroupe 8.000 membres. « En moyenne, on a 1.000 nouvelles inscriptions par jour », précise Pierrick Chinot. Celui de Corse-du-Sud en rassemble 3.500.
En tout, plus de 300 producteurs sont répertoriés (253 en Haute-Corse et une soixantaine en Corse-du-Sud). « Nous faisons un maximum d’alimentaire, explique Francesca Filippi, on regroupe des producteurs de charcuterie, de fromage, d’huile d’olive et des pêcheurs. »
« Avant, la page vivotait »
Marie-Caroline Corvi, est à la tête de la Fabrik d’Odé. Elle confectionne à l’année des spécialités culinaires locales et des bijoux. Le confinement a mis un coup d’arrêt à son entreprise. « Ma page Facebook vivotait », confie-t-elle.
Depuis son inscription et la livraison à domicile, elle n’arrête plus. « Il y a tellement de commandes que j’ai été obligée de stopper ma production. J’ai commencé à pâtisser à 3h du matin aujourd’hui [mercredi 8 avril] et avec les livraisons, je pense terminer vers 17 heures », complète-t-elle.
Toutes les règles de distanciation sociale sont respectées. Marie-Caroline pratique le porte-à-porte « pour éviter que les gens sortent », et possède un petit appareil à cartes bancaires qu’elle désinfecte avant chaque rendez-vous.
« On aurait fermé »
Ce boom d’activité, Alexia, productrice de canistrelli, confitures et charcuterie en Haute-Corse, le connaît aussi. « Je travaillais beaucoup sur les marchés, ou j’envoyais des colis sur le continent », indique la jeune femme.
Elle qualifie le groupe Facebook de « bénéfique », grâce à lui, elle a pu se faire connaître par une autre clientèle. « On n’avait pas d’aides, s’il n’y avait pas eu ça, on aurait sûrement fermé, on n’aurait pas pu continuer », précise Alexia. Membre depuis deux semaines, elle a déjà réalisé une trentaine de livraisons.
On n'avait pas d'aides, s'il n'y avait pas eu ça, on aurait sûrement fermé, on n'aurait pas pu continuer
Si les deux jeunes femmes ne veulent pas parler d’un effet confinement, elles reconnaissent tout de même une augmentation de leur activité.
Manger local
En plus d’aider les professionnels du secteur, les deux groupes Facebook ont un second but : la consommation de produits locaux. « C’est notre message principal. Hors confinement, les gens passent devant des pancartes de petits producteurs qui proposent, par exemple, du fromage, ne s’arrêtent pas, et vont au supermarché », raconte Francesca Filippi. « On a envie de faire reprendre d’anciennes habitudes aux consommateurs », note Pierrick Chinot.
On a envie de faire reprendre d'anciennes habitudes aux consommateurs
Tous deux estiment que la crise du Coronavirus aura aussi des impacts sur la consommation. « Face au nombre de messages que l’on reçoit, on se rend compte qu’il y a une vraie demande, que les gens attendaient presque ce genre d’initiatives. Peut-être qu’ils ne se rendaient pas au contact de ces producteurs parce qu’ils n’osaient pas, n’y pensaient pas ou ne prenaient pas le temps », analyse Francesca Filippi.
Dans l’espoir de voir leur souhait se concrétiser, les deux groupes Facebook, « du producteur au consommateur 2B » et « du producteur au consommateur 2A », resteront actifs après le confinement.