Lors d'une conférence de presse hier - jeudi 17 septembre - le ministre de la Santé a annoncé un allégement du protocole sanitaire dans les établissements scolaires ; ils ne seront plus obligés de fermer dès la première alerte d'un cas avéré. Une décision qui indigne les enseignants et les parents.
Trois semaines après la reprise des cours, les points presse du ministre de la Santé ont à leur tour fait leur rentrée.
Olivier Véran tenait hier, jeudi 17 septembre, une conférence de presse - un rendez-vous désormais hebdomadaire - au sujet de l'évolution de la crise sanitaire. Il a notamment fait plusieurs annonces concernant les établissements scolaires.
Le port du masque devient dès à présent "obligatoire pour les professionnels de crèche", jusqu'alors dispensés d'en porter en présence des enfants. Une mesure visant à limiter les contaminations entre adultes, a expliqué le ministre, avec la possibilité de dérogations face à certains enfants.
Autre point abordé : le protocole sanitaire dans les crèches et les écoles jugé trop lourd en l'état. Celui-ci sera prochainement assoupli, en suivant les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique. "Il n'y a pas lieu de fermer des établissements entiers à la première alerte", a jugé Olivier Véran.
Les syndicats indignés
Mais du côté des syndicats d'enseignants et des fédérations de parents d'élèves, l'idée d'un protocole sanitaire allégé dans les écoles fait grincer des dents.Pour Fabien Mineo, secrétaire général du syndicat enseignant Snuipp-FSU de Haute-Corse, cette décision est tout simplement "incompréhensible". "Mes collègues et moi-même avons été choqués, je crois qu'il n'y a pas d'autre mot, en entendant parler Olivier Véran, hier soir."
Selon lui, isoler un enfant contaminé au nouveau coronavirus mais garder sa classe ouverte augmente considérablement les risques de transmissions. Car même si les enfants de moins de 14 ans sont, selon Santé publique France, la classe d'âge pour laquelle on relève les taux d'incidence [nombre de cas positifs au virus pour 100.000 personnes, ndlr] et de positivité au nouveau coronavirus les plus bas, le risque reste bien présent : "Les enfants sont des êtres humains aussi : comme les adultes, ils peuvent attraper la Covid-19 et la transmettre."
Plus encore, rajoute-t-il : "si les enfants sont si peu contaminants, pourquoi insiste-t-on autant sur le fait ne surtout pas les confier aux grands-parents ?"
C'est pourquoi, plutôt que d'assouplir le protocole sanitaire dans les crèches et écoles, il demande son renforcement. "À la sortie du confinement, on nous a présenté un protocole de 53 pages qui tenait la route. Aujourd'hui, on se retrouve avec à peine 7 pages qui ne veulent plus rien dire. Tout ça, c'est du vent."On sacrifie la santé de nos enfants pour des raisons purement économiques.
"Si on veut vraiment limiter la progression du virus, il faut impérativement fermer une classe quand un cas de Covid-19 est détecté, et isoler les enfants comme le personnel éducatif jusqu'à ce que tous les tests soient effectués. La décision de faire autrement aujourd'hui, repose sur le fait que la mise en place du chômage partiel ou d'un confinement s'il fallait y retourner coûte trop cher à l'Etat. On sacrifie la santé de nos enfants pour des raisons purement économiques."
Le difficile "tracing" des cas-contacts
Claude Perrin, représentant en Corse-du-Sud de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) se veut moins catégorique."Il est difficile pour nous de contester cette décision de ne plus systématiquement fermer une classe quand un cas est détecté, considérant que ces mesures sont prises par des scientifiques. Il n'est donc pas vraiment de notre ressort de les remettre en cause."
Pour autant, la FCPE de Corse-du-Sud reste "dans l'expectative". "Les enfants sont moins contagieux, mais il y a déjà eu des cas de contamination d'un parent par un enfant."
D'autant plus qu'une classe gardée ouverte compliquerait le "tracing" des "cas-contacts", arguent Fabien Mineo et Claude Perrin.
Pour faciliter ce tracing en question, la branche corse de la FCPE avait bien une solution : "dans les collèges et lycées, plutôt que de faire changer les élèves de classes entre chaque cours, il suffit de faire se déplacer le professeur. On limite de cette manière le croisement des élèves, et s'il y a une personne malade, il est très facile de retracer les élèves avec lesquelles elle a eu un contact rapproché", détaille Claude Perrin.Les enfants sont moins contagieux, mais il y a des cas de contamination d'un parent par un enfant.
Une proposition de la FCPE de Corse-du-Sud qui avait reçu le soutien du rectorat de Corse, à l'heure du déconfinement mais qui serait aujourd'hui pas ou peu appliquée. "Nous avons des retours de plusieurs établissements dans lesquels cette mesure, pourtant très simple à mettre en pratique, n'est pas appliquée. Au collège Fesch, par exemple."
Les enseignants et les parents d'élèves sont d'autant plus inquiets que les deux départements corses font partis de 40 zones de circulation active du virus en France.