Soutenue par le conseil scientifique consultatif de l'Assemblée de Corse, la mise en place d’un greenpass sur l'île fait débat. La France n’a pas donné son aval pour l’instant. D’autres pays et régions européennes, elles, s’organisent. Italiennes en tête.
Un territoire coronafree, l’ambition fait des émules en Europe en cette aube d’une saison touristique aussi inédite qu’incertaine.
Ainsi, l’idée d’instaurer un passeport sanitaire garantissant la « non-covidité » des entrants fait florès et pas seulement en Corse.
A Ventotene, c’est presque fait
Située à moins de 200 milles marins (363 km) de Bonifacio, l’île italienne de Ventotene, au large de Naples, a annoncé la mise en place d’un passeport sanitaire cet été.Les vacanciers qui voudront s’y rendre devront présenter un test Covid-19 négatif réalisé moins de sept jours avant leur voyage. "Ce document devra être présenté au départ du continent, sur le port de Formia", explique Alban Mikoczy qui vient de s’y rendre pour un reportage diffusé sur France 2.
C’est le maire, Gerardo Santomaoro, qui porte ce projet.
Son idée est de continuer à préserver les 750 habitants de l’île qui a échappé à la vague épidémique de coronavirus, tout en permettant aux commerçants de retrouver une activité.
Sachant que le tourisme est absolument essentiel à l’économie locale.
"Théoriquement, l’arrêté municipal doit être avalisé par la région, pour Ventotene, c’est le Lazio, précise encore le journaliste. Si la région ne s’y oppose pas, alors la mesure pourra entrer en vigueur".
Une mesure qui, au regard de la situation sanitaire de l’île, semble frappée au coin du bon sens.
« Le médecin de l’unique cabinet médical de Ventotene nous l’a bien expliqué : Sur l’île, il n’y a pas d’unité hospitalière, pas de lits de réa. Si des malades arrivaient à Ventotene, il faudrait les rapatrier d’urgence, sur le seul bateau.. C’est beaucoup plus simple de ne pas les faire venir ».Sur l'île, il n'y a pas d'unité hospitalière, pas de réa
La région, pas plus que le gouvernement italien, ne devraient donc opposer de veto.
Le maire de Ventotene veut instaurer les contrôles à partir du 3 juin, date à laquelle l’Italie doit rouvrir ses frontières et donc accueillir de nouveau des touristes.
Ventotene accueille jusqu’à 3500 visiteurs par jour en saison.
17 petites îles italiennes
Pour le journaliste de France 2, fin connaisseur de l’Italie, le passeport sanitaire a donc de bonne chance de voir le jour à Ventotene, mais pas seulement.Dans l’île voisine de Ponza, la décision chemine déjà.
«Au total, je pense que les 17 petites îles italiennes vont toutes prendre la même décision. Comme à Ventotene et Ponza, c’est très facile à mettre en œuvre : un seul accès aux îles, le bateau, un seul port d’entrée. C’est beaucoup plus compliqué pour la Sardaigne et la Sicile qui ont des ports et des aéroports et des flux d’entrants bien plus importants ».
Sardaigne et Sicile
Les deux grandes îles, elles aussi plutôt épargnées par la pandémie, ont en effet déjà dit tout le bien qu’elles pensaient de la mise en place d’un passeport sanitaire.Si la Sicile n’est encore qu’au stade de projet, la Sardaigne, plus autonome vis-a-vis du pouvoir italien, s’est déjà bien engagée dans le processus.
Début mai, son gouverneur, Christian Solinas, a indiqué qu’il souhaitait qu’à partir du 1er juin, toute personne désirant prendre un bateau ou un avion pour la Sardaigne se présente avec un certificat de prélèvement négatif délivré par un laboratoire agréé au plus tard sept jours avant la date de départ.
Une fois en Sardaigne, les passagers devront faire un nouveau test, rapide, dans les ports et aéroports d’arrivée.
Ils devront ensuite télécharger une application de traçage pour demeurer localisables pendant leur séjour.
La Grèce
La Grèce, plutôt épargnée par le covid (2 830 cas d'infection au coronavirus et 171 décès au 25 mai) mais consciente de la fragilité de sa myriade d’îles sans équipement médical, planche elle aussi sur un «passeport sanitaire» ou toute autre garantie de non-contamination.En plus du test, les autorités pourraient maintenir un contrôle de température par caméra thermique pour tous les arrivants.
L’Islande
Depuis le début de la crise Covid, L'Islande n’a pas fermé ses frontières aux ressortissants européens.Le pays a fait le choix d’imposer une quatorzaine stricte aux entrants.
Cette règle devrait s'adoucir en juin : il est prévu qu’elle soit remplacée par un test à l’arrivée - la quarantaine deviendrait l’apanage des positifs - à partir du 15 juin.
Ce test sera proposé - au lieu de la quarantaine - aux arrivants dans son unique aéroport international, situé à Keflavik.
Ils pourront aussi présenter eux mêmes un certificat médical attestant d’un résultat négatif.
Les voyageurs seront libres de gagner leur domicile ou leur hôtel; en cas de résultat positif, connu dans la journée, ils seront placés en quarantaine pour au moins 14 jours.
Les voyageurs devront également télécharger une application de traçage, que 40% des Islandais utilisent déjà, selon le gouvernement.
Les Canaries, région test
Tester le premier vol de sécurité sanitaire « au monde », avec « des passagers exempts de coronavirus munis de passeports sanitaires ».C’est l’objectif d’une opération qui sera montée en juillet aux Canaries, selon un communiqué de presse de Turismo de Islas Canarias, relayé par l’écho touristique.
L’archipel des Canaries a été choisi par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Les passagers seront munis d’un passeport sanitaire et suivis par une application sécurisée de santé créée par une société canarienne.
Dans l’archipel, seulement 0,1% de la population totale a été touchée.