Le décret plage date de 2006 et vise à ce que le bord de mer soit accessible à tous. Il entrera en application d’ici à la fin de l’année. Les paillotistes et les hôteliers, installés sur le domaine public maritime, devront proposer d’autres solutions.
Sur le littoral ajaccien les établissements les pieds dans l’eau ont reçu une lettre des services de l’État. Après la saison, ils devront proposer une autre solution que d’empiéter sur le domaine public maritime (DPM).
Sur place, personne ne veut expliquer la situation. À Capo di Feno, la plage la plus naturelle de la commune, une paillote construite en 1976 est aussi concernée. Pour la troisième saison, l’État n’a pas renouvelé son autorisation d’occupation temporaire et l’incompréhension semble totale.
« On me répond toujours la même chose : ‘Vous êtes en dur’. Ils ne sont pas venus sur place, ils n’ont pas expertisé, ils ne nous ont pas conseillés. Je pense finalement qu’il va y avoir des discussions au cas par cas. Mais il ne faut pas que le cas par cas tourne à l’injustice », estime Pierre-Toussaint Casentini, paillotiste à Capo di Feno.
Érosion du littoral
12 ans après la promulgation du décret plage de nombreuses inquiétudes subsistent. L’État semble décidé à faire appliquer deux principes fondamentaux : aucune construction en dur sur le DPM, pas d’installations commerciales sur 80 % de l’espace des plages.
La justification est d’abord écologique, car l’érosion du littoral est l’un des enjeux. « Vous mettez un bloc de béton dur une plage, les vagues vont se fracasser dessus, elles vont creuser au pied du bloc de béton, il n’y a plus de dynamique. Vous laissez des plantes, elles vont ralentir le vent, elles vont ralentir les vagues, déposer du sable, il y a une dynamique qui existe », explique Camille Féral, responsable de la mission « patrimoine naturel et biodiversité » à la direction départementale des territoires et de la mer de Corse-du-Sud.
L’État, l’ancien conseil départemental de la Corse-du-Sud et la collectivité de Corse ont travaillé ensemble et investi pour protéger les dunes en arrière de la plage. En deux ans, des espèces végétales se sont remises à pousser.