A l'occasion de sa première visite en Corse jeudi 12 juin, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a écarté toute idée de réforme institutionnelle sur la langue corse et la lutte contre la spéculation foncière et immobilière.
Quelques heures après le mitraillage de la caserne de Montesoro, siège du groupement de gendarmerie de Haute-Corse, Bernard Cazeneuve a tout d’abord annoncé "la réaction la plus ferme" de l'Etat face à "cet acte lâche" dont les auteurs, a-t-il précisé, seront "arrêtés".
Dans un discours à la préfecture, M. Cazeneuve a souligné que "la stratégie de lutte contre la criminalité organisée passe par le renforcement des moyens", en particulier par le rapprochement de la police et de la gendarmerie en matière de police judiciaire.
"J'ai donné des instructions très claires" aux chefs des forces de sécurité, a-t-il dit, se félicitant que "des coups très durs ont été portés au grand banditisme, au terrorisme et au trafic de stupéfiants".
Sans jamais citer le mot "mafia", contrairement à son prédécesseur Manuel Valls, il a de nouveau souligné qu'il fallait "impliquer l'administration des finances et des douanes pour frapper le crime organisé au coeur de ses intérêts fonciers et dans le secteur des marchés publics".
Non à toute évolution institutionnelle
Bernard Cazeneuve a clairement fermé la porte à toute évolution institutionnelle en Corse, alors qu'un peu plus tôt, le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), Paul Giacobbi, qualifiait le mitraillage de Bastia "d'une tentative de déstabilisation à l'encontre du large consensus obtenu sur les questions constitutionnelles, linguistiques et foncières à l'Assemblée de Corse"."On doit la sincérité et l'exigence de vérité", a-t-il martelé en estimant que "le souci de préserver une spécificité ne doit pas s'inscrire dans une démarche de rupture".
Il a ainsi écarté la demande votée à la quasi-unanimité de l'assemblée territoriale d'instaurer la co-officialité de la langue corse et du français. "Exiger que tous les agents publics soient corsophones ne me paraît pas souhaitable et possible", a-t-il dit.
Il a aussi rejeté la mise en place d'un statut de résident en Corse pour y devenir propriétaire d'un bien immobilier ou foncier afin de freiner la spirale de la spéculation et les dérives affairistes, également voté par l'assemblée où la gauche est majoritaire.
"Le droit de résidence constitue une piste qui ne peut pas apporter les solutions attendues", a-t-il affirmé, reconnaissant toutefois que "la maîtrise du foncier et le respect de l'environnement restent des préoccupations sérieuses".
Contrairement à l'avis de nombreux élus insulaires et des juristes, il a encore affirmé que "la règle européenne ne permet pas d'aller au bout de cette idée".