Une dizaine de chats-renards, ghjattivolpe, a été recensée en Corse par des agents de l’office national de la chasse et de la faune sauvage. Un programme de recherche a été lancé en 2008 pour trouver l’identité de cette espèce. Objectif : sa reconnaissance et sa protection rapides.
Le chat-renard, ghjattivolpe en langue corse, a l’aspect d’un chat domestique. Il mesure 90 centimètres de la tête au bout de la queue, a le pavillon des oreilles très larges, possède de courtes moustaches et des canines très développées et est de couleur rousse-rouille sur le ventre. Caractéristique particulière : des zébrures sur les pattes antérieures.
16 spécimens ont été recensés par l’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) en Corse ces dernières années. Les agents pensent même être tombés sur un nouveau spécimen de félin. « Pour nous, c'est une espèce sauvage naturelle, qui était connue, mais pas recensée, parce que c'est un animal extrêmement discret, avec des mœurs nocturnes. C'est une découverte extraordinaire », se félicite Pierre Benedetti, chef technicien de l’environnement de l’ONCFS.
Ressemblances avec le chat forestier africain
La plupart évolue dans la vallée d’Asco. Un territoire de 25 000 hectares, « loin de la présence de l’homme et où il y a de l’eau et un couvert végétal pour le protéger de son principal prédateur, l’aigle royal », explique Carlu-Antoine Cecchini, chargé de mission chat forestier à l’ONCFS.
Pour les scientifiques, l’histoire commence en 2008 par la capture inopinée d’un chat dans un poulailler d’Olcani dans le Cap Corse. Un programme de recherches est lancé dans le même temps. Il permet notamment d’établir le génome de l’espèce. Elle se rapproche du chat forestier africain, Felis silvestris lybica, mais son identité formelle n’est pas encore déterminée. Les premières captures ont lieu en 2016. Les colliers GPS placés sur certains animaux permettent d’établir ses déplacements, vastes, jusqu’à 2 500 mètres d’altitude.
Mythologie des bergers
Si l’espèce n’est pas encore recensée, elle appartient pourtant à la mythologie des bergers corses. « Ils racontaient que ces chats forestiers s'attaquaient aux mamelles de leurs brebis et chèvres. C'est à partir de ces récits, transmis de génération en génération, qu'on a commencé nos recherches », raconte Carlu-Antone Cecchini.
Une hypothèse est avancée par les scientifiques quant à la souche de l’espèce. « Il pourrait être arrivé à l'époque de la deuxième colonisation humaine qui remonte à 6 500 ans environ avant notre ère. Si cette hypothèse se confirme, son origine est moyen-orientale », avance Pierre Benedetti.
L’objectif de l’agent : la reconnaissance et la protection de ce chat dans les deux à quatre ans à venir.