L'Assemblée de Corse a adopté à l'unanimité jeudi 24 octobre un plan territorial de soutien à la pêche corse. Il prévoit 5 dispositifs adaptés aux nécessités de la filière qui connaît de nombreuses difficultés... Si l'aide est saluée par la profession comme par l'opposition, "le combat doit continuer", de l'avis général.
"C'est la première fois qu'on parle de la pêche en assemblée de Corse. Alors oui, on est satisfaits. On a le sentiment d'exister". Les débats sont terminés depuis quelques minutes, et dans les couloirs de l'Assemblée, Jean-Louis Guaitella, le président de la commission étangs au comité régional des pêches de Corse, tire un bilan positif de la journée.
200.000 euros par an
L'hémicycle a voté une aide d'un million d'euros afin de venir en aide à la pêche locale, sur cinq ans.
Cinq grands axes ont été définis :
- 50.000 euros à destination des pêcheurs qui seront prêts à collaborer avec l'Office de l'Environnement de la Corse, dont ils dépendent, en fournissant des données d'observation relatives aux changements du milieu marin
- 15.000 euros afin d'aider les pêcheurs qui ont contracté un prêt auprès du Crédit maritime Méditerranéen à le rembourser
- 75.000 euros pour aider à la production, la transformation ou la commercialisation des produits de la pêche et de l'aquaculture
- 50.000 euros investis dans la lutte contre le crabe bleu
- 10.000 euros seront dédiés à l'instauration d'une formation à la pêche professionnelle pour renforcer l'attractivité du métier, alors que le nombre de pêcheurs en Corse ne cesse de diminuer.
Discussions
Il n'est guère surprenant que les pêcheurs présents saluent l'effort financier effectué par l'exécutif. Durant de nombreuses années, la profession a eu l'impression d'être quantité négligeable aux yeux des élus insulaires, qui concentraient tous leurs efforts sur l'agriculture. En début d'année, Daniel Defusco, président du comité des pêches, dressait un tableau inquiétant du secteur :
>> À LIRE AUSSI - Daniel Defusco : "les pêcheurs corses n'existent pas. Nous sommes invisibles
Mais depuis, les choses, apparemment, ont changé, et la CdC a finalement entendu les appels au secours répétés de la profession : "On a fait plusieurs réunions de préparation avec l'Office, on a discuté des sujets qui nous semblaient importants, le rapport a été rédigé, et l'OEC nous l'a soumis, pour qu'on l'examine. On voulait vraiment être partie prenante, on a donc finalisé le rapport avec eux pour le soumettre ensuite à l'assemblée de Corse".
Préparer la suite
Le rapport a été accepté, à l'unanimité. Pour autant, sur les bancs de l'opposition, on n'a pas manqué de souligner que, si ces aides étaient nécessaires, elles ne devaient être qu'une première étape.
Ces dernières années, Paul Quastana, élu de Core in Fronte, a été le défenseur inlassable, et souvent solitaire, de la pêche insulaire dans l'hémicycle. Lors de sa prise de parole, jeudi dernier, il a estimé que cette aide avait pour but de réanimer un secteur moribond, et, qu'il était urgent de réfléchir à une politique de développement économique plus ambitieuse² :
Du côté de la majorité, on n'en disconvient pas. Il faudra faire plus, pour être à la hauteur des attentes d'un secteur qui a longtemps été emblématique de l'île. "Un million d'euros, c'est insuffisant par rapport à vos besoins", lance Gilles Simeoni de la tribune aux pêcheurs disséminés dans le public de la session. "Mais je veux dire aussi que partout, nous sommes en dessous de ce dont la Corse a besoin. Et c'est pour cela que nous nous battons. Pour obtenir les moyens de faire ce dont, collectivement, nous avons besoin, pour la pêche, pour l'agriculture, mais également pour les routes, pour la culture, pour le sport... On ne peut pas faire plus, si on a de moins en moins."
Le message est clair. Pour Gilles Simeoni et la majorité, plus que jamais, alors que les négociations avec Paris vont reprendre, le salut passe par l'autonomie.
Retrouvez le reportage de nos équipes à l'assemblée de Corse :