Réunis en assemblée générale à Porto-Vecchio samedi 18 mai, les membres de la fédération régionale de la pêche récréative dénoncent le moratoire en vigueur concernant la pêche du corb et du mérou. Ces pêcheurs amateurs demandent à être davantage associés à l’élaboration de la réglementation.
"Non au moratoire sur la pêche du corb et du mérou."
C’est pour faire entendre leur "ras-le-bol" que six associations de pêcheurs amateurs corses se sont réunies en une fédération régionale, en février dernier.
Et pour leur première assemblée générale, samedi 18 mai, le message est clair : "Nous contestons cette interdiction de pêche de ces deux espèces, reconduite pour encore 10 ans, déplore Eric Sivry, président de l’association Pesca Passione, membre de la fédération régionale. Il y a déjà 40 ans de moratoire sur le mérou, à chaque fois c’est la même chose, on nous dit que la ressource est limitée. Mais nous, pêcheurs à la ligne et chasseurs sous-marins, toute l’année sur l’eau, nous en voyons à profusion."
Pour ce pêcheur amateur, l’arrêté préfectoral, pris en décembre dernier, devrait être assoupli. "Nous ne demandons pas une absence de règles, mais une réglementation cohérente et efficace", plaide Éric Sivry.
La fédération régionale de pêche de loisirs regrette de ne pas être davantage associée à l’élaboration de la réglementation en la matière : "Nous avons été convoqués à une concertation par les services de la Direction de la mer et du littoral l’an dernier à Corte. Mais nous n’avons pas l’impression d’être écoutés."
Contraintes "drastiques"
C’est pour remédier à ce qu’ils considèrent comme "une absence de dialogue" que les membres de la fédération ont convié une diversité d’acteurs à leur assemblée générale du 18 mai, des services de l’État aux scientifiques de la Station de Recherches Sous-marines et Océanographiques (Stareso). Contactés, ces derniers n’ont pu être joints ce dimanche.
"Ils n’ont pas répondu présent", déplore Éric Sivry.
Les pêcheurs professionnels étaient également invités, à l’instar de Daniel Defusco, qui a assisté à la réunion. "Les pêcheurs amateurs ont eu raison de se regrouper, estime le président du Comité régional des pêches. Les contraintes sont drastiques sur la pêche, nous les subissons depuis 30 ans, et eux aussi."
Daniel Defusco se réjouit de ce dialogue renouvelé entre pêcheurs amateurs et professionnels. "Jusqu’à présent on ne se parlait pas, cela s’est bien passé. Je n’ai aucun souci avec la pêche de loisirs, la mer est un espace de liberté. Mais il faut faire les choses bien et que la réglementation soit respectée par tous", indique-t-il.
Malgré l’augmentation progressive des effectifs, la ressource reste toujours limitée.
Préfecture de Corse
L’État, de son côté, a reconduit le 22 décembre dernier, pour une durée de dix ans, le moratoire sur la pêche du mérou, protégé depuis les années 1980, et du corb, protégé depuis 2013. L'arrêté étend cette interdiction à 4 autres espèces de mérous sur l’île.
L’objectif de cette prorogation, qui concerne l’interdiction "de la pêche sous-marine et de la pêche de loisir à l’hameçon, palangre et palangrotte", est, selon le texte, "de ne pas ralentir la lente dynamique de développement de ces espèces et d'envisager une augmentation sensible des stocks".
"Malgré l’augmentation progressive des effectifs, la ressource reste toujours limitée après 40 années de protection pour le mérou et 10 années pour le Corb en Corse", justifie la préfecture, rappelant qu’il s’agit de deux espèces "fragiles et menacées, protégées sur l’ensemble de la Méditerranée française".