Antoine Pietri, éleveur caprin de 30 ans, comparaît ce lundi devant les assises de Corse-du-Sud pour le meurtre de Patrick Julien, conseiller municipal à Soccia et chef d’entreprise. Un conflit entre les deux hommes pourrait être le motif du drame.
Depuis son arrestation, Antoine Pietri n’a cessé de se dire innocent. Lors de sa détention provisoire pour le meurtre de Patrick Julien le 4 novembre 2017 à Soccia, il avait entamé deux grève de la faim et de la soif, de cinq jours chacune, pour dénoncer "une instruction à charge" contre lui.
Son procès s’est ouvert ce lundi devant les assises de Corse-du-Sud, Antoine Pietri maintient sa version des faits.
Il voulait vivre avec ses chèvres et en faire son métier au village. Antoine Pietri, 30 ans comparait devant la cour d’Assises de Corse du Sud, accusé d’avoir tué Patrick Julien, chef d’une entreprise de Btp et conseiller municipal à Soccia le 4 Nov 2017. @FTViaStella pic.twitter.com/MSnnXpda6x
— MFrançoise Stefani (@MFStefani) December 14, 2020
Le 4 novembre 2017, Patrick Julien, élu municipal et chef d’entreprise est retrouvé à Soccia, mortellement touché d'une balle dans la tête, au volant de son tractopelle, alors qu'il procédait à des travaux de terrassement.
Dès le lendemain du meurtre, des témoins désignent Antoine Pietri, un jeune berger de 27 ans à l’époque, nouvellement installé sur la commune. Quelques jours auparavant les deux hommes se sont disputés à propos d’une parcelle.
Une dispute pourrait être le mobile du meurtre
Pour l’accusation, cette dispute est le mobile du meurtre : la victime, présidente de l’association foncière pastorale ne souhaitait pas qu’Antoine Pietri continue d’exploiter un terrain où il élevait ses chèvres.
Chemise noire, cheveux longs bouclés, au procès Antoine Pietri répond calmement questions de la présidente : "Patrick Julien ne voulait pas que les chèvres soient près du village j’ai respecté sa décision", dit-il.
Lors des investigations, un fusil à pompe appartenant à Antoine Pietri a été trouvé avec deux types de munitions qui pourraient correspondre à celles utilisées pour le meurtre, et deux étuis portant une trace d'ADN du berger ont été trouvés sur le chantier où les faits ont eu lieu.
Pour expliquer la présence de ces douilles, Antoine Pietri a indiqué aux enquêteurs qu'il se rendait régulièrement sur ce terrain avec ses chèvres et qu'il avait pu tirer en l’air un ou deux jours avant afin de les appeler, a expliqué la présidente.
Des doutes sur l'emploi du temps de l'accusé
Elle a également indiqué qu’Antoine Pietri avait donné deux versions de son emploi du temps le jour du meurtre. Associé à l'altercation entre les deux hommes et aux "constatations balistiques et génétiques", ces éléments ont conduit à poursuivre le berger.
En l’absence de témoins directs, l’heure de l’assassinat, estimée entre 14h30 et 16h30, devrait être un élément important dans les débats, Antoine Pietri ayant été vu par plusieurs personnes en début d'après-midi à Orto, un village voisin de Soccia.
Les avocats d’Antoine Pietri, Mes Dominique Paoli, Anna-Maria Sollacaro et Paul Sollacaro, devraient renouveler leurs critiques d'une "instruction menée uniquement à charge" contre leur client qui encourt la réclusion à perpétuité.
"C’est quelqu’un qui a grandi sur le continent, qui a toujours voulu rentrer en Corse pour faire de sa passion son métier. Éleveur caprin, c’est ce qu’il a réalisé à l’âge de 27 ans. C’est un gamin extrêmement intelligent certains le décrivent comme surdoués", insiste Me Dominique Paolini.
Après la présentation des faits, la cour s'est penchée sur la personnalité du berger qui ne compte à son casier judiciaire qu'une condamnation de 4 mois de prison avec sursis pour usage de stupéfiants.
L'examen des faits doit avoir lieu mardi et une quarantaine de témoins doivent être entendus d'ici à jeudi, avant les réquisitions, les plaidoiries de la défense et le verdict, attendus vendredi.