Aide Soignante à Ajaccio, Mélanie Serpaggi a contracté une forme bénigne de Covid-19 il y a près de 50 jours. Depuis, elle ne constate aucun changement ou presque. Des études sont en cours pour étudier les cas de résurgence ou de persistance du virus.
Depuis deux mois et demi, Mélanie Serpaggi a les yeux rivés sur son thermomètre. "Je me lève, je mets le pied par terre, j’ai 37,2 °C, une heure après j’ai 37,9 °C et ça monte. Ça fait yoyo."
Aide soignante à l’hôpital de la Miséricorde d’Ajaccio, Mélanie Serpaggi a présenté les premiers symptômes de Covid-19 le 8 mars dernier et été dépistée deux jours plus tard.
Une forme pourtant bénigne de Covid-19
Cela fait près de 50 jours que sa vie est partagée entre douleurs musculaires, fièvre et fatigue. Elle a pourtant contracté une forme du virus considérée comme bénigne, elle n'a pas été hospitalisée. Mais ses symptômes ne se sont jamais arrêtés.Le 17 avril, un deuxième test au Covid-19 apparaît négatif : elle semble débarrassée de la maladie. Mais pour elle, il n’y a aucun changement notable : " mon nez s’est arrêté de couler, c’est tout."
Un deuxième test négatif
Mélanie Serpaggi n’est pas de ceux qu’on décrit comme étant "à risques" face au Covid-19 : à 41 ans elle pèse 51 kg et n’a pas d’antécédents médicaux. Avant sa maladie, elle se considérait "en pleine forme". Les choses ont bien changé : "au moindre effort, jardiner un peu, désherber, je suis à 38,4°C".Les médecins qui la suivent sont désemparés : "la médecine du travail m’a fait passer plusieurs analyses sanguines, des examens urinaires, un scanner thoracique, tout était nickel. Je n’ai aucune trace de Covid dans les poumons." Face à l’incompréhension de son généraliste, elle a décidé d’en changer : "on m’a dit d’arrêter de prendre ma température. On ne m’a donné aucune réponse. "
"Aucune réponse"
Mélanie Serpaggi ignore même si elle est contagieuse. "Certains disent oui, certains disent non". Par prudence, elle a vécu deux mois durant confinée dans sa propre maison ("chambre séparée", "WC séparés", "pas de câlins") où elle vit avec son fils et son mari. Il y a une semaine et demi, la médecine du travail lui a assuré qu’il n’y avait aucun risque, elle a retrouvé son époux qui ne présente depuis aucun symptômes. Si tout va bien, elle devrait reprendre le travail le 1er juin.Au début désemparée face à cette maladie qui ne la lâchait pas, elle a trouvé du soutien sur les réseaux sociaux, où des centaines de personnes sont dans sa situation. Des hashtags #apresJ20 et #apresJ60 permettent aux malades de partager leur histoire.
#apresJ20 #apresJ60 je vous lis tous et merci à vous. Je ne suis donc pas hypocondriaque! Je suis infirmière malade depuis le 14/03. Avec des périodes de repis où je suis retournée travailler. Et à J42 rechute et à j63. Marre que l'on me dise que je ne veux pas retourner bosser.
— Aurélie Diamente (@AurelieDiamente) May 25, 2020
Ce sont "en majorité des femmes, la quarantaine, souffrant d'immense fatigue, de douleurs musculaires, quatre à six semaines après le début des symptômes", rapporte Benjamin Davido, l'infectiologue, référent sur la crise Covid à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) dans Le Parisien.
Les médecins s’interrogent de plus en plus sur la question. Dominique Salmon-Ceron, Infectiologue à l’Hôtel-Dieu à Paris a décidé de lancer deux études : l'une sur la persistance des symptômes, l'autre sur leur résurgence. Car certains malades connaissent une période de répit -aussi appelée "lune de miel" entre le 15e jour (où la maladie s’achève dans la plupart des cas) et le 30e jour.
Pas de cas secondaires à Ajaccio
A l’hôpital de la Miséricorde d’Ajaccio, l’infectiologue Delphine Poitrenaud juge qu’il est encore trop tôt pour communiquer puisque des études sont en cours. L’hôpital observe le phénomène "comme partout"."On n’a personne qui a été réhospitalisé pour l’instant", précise-t-elle.Alors qu’Ajaccio a longtemps été considéré comme un foyer de l’épidémie, l’hôpital n’a pas observé non plus de "cas secondaires", c’est-à-dire de cas de personnes infectées au Covid-19 par des patients guéris.
Mélanie Serpaggi a rendez-vous dans quelques jours avec le Dr Poitrenaud. En attendant, elle garde espoir : "Il me tarde le moment où je vais prendre ma température et que je vais voir 36,7°C ! Ce sera..." Sa phrase reste en suspens. Pour l’heure, aucun traitement ne lui permet de se projeter dans une vie qui ressemblerait à celle qu’elle menait avant la maladie.