Jeudi 5 octobre, la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien a voté la modification du projet de téléporté reliant Saint-Joseph à Mezzavia, en prenant en compte les deux réserves formulées par l'enquête publique. 8 millions d’euros devraient bientôt être débloqués pour ce chantier, qui pourrait démarrer début 2024.
Le projet de téléporté se concrétise.
Jeudi 5 octobre, les élus de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (Capa) se sont penchés sur le rapport et les conclusions de l’enquête publique.
Réalisée du 30 mai au 30 juin dernier, elle visait à déterminer si le projet de liaison par câble reliant Saint-Joseph à Mezzavia pouvait être déclaré ou non d’utilité publique.
Cette enquête avait connu un succès sans précédent avec 6 252 contributions recensées à la date de clôture.
Deux réserves
Si les conclusions sont favorables au projet de la Capa, le commissaire enquêteur a néanmoins émis deux réserves.
L’une concerne une demande d’extension de la capacité de stationnement à proximité de la gare de Saint-Joseph, à hauteur de 500 places. L’autre, la nécessité de créer une voie de bus "en site propre", c’est-à-dire exclusivement réservée aux bus, du centre-ville vers Saint-Joseph.
"Nous souscrivons parfaitement à ces recommandations, affirme le maire d’Ajaccio et président de la Capa Stéphane Sbraggia. Le téléporté est un équipement au service d’une politique de mobilité, donc cela rentre parfaitement dans notre réflexion sur l’aménagement de l’entrée de ville, de connecter les espaces urbains."
Concernant la première réserve, à savoir l'extension des capacités de stationnement, la CAPA s'engage "à travailler à optimiser la capacité sur le terrain militaire lui-même et à rechercher des disponibilités foncières à proximité du site".
Pour la deuxième, la création d’une voie de bus, Stéphane Sbraggia assure que "des solutions techniques seront trouvées en partenariat avec les autres membres du comité de pilotage, à savoir l’Etat, la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Collectivité de Corse et la Ville d'Ajaccio".
Deux votes "contre", deux abstentions
Parmi les conseillers communautaires, le projet ne fait pas l’unanimité. Résultat, deux votes "contre" et deux abstentions – qui n’ont pas empêché l’adoption de la délibération.
Julia Tiberi fait partie des opposants au projet. "C’est d’abord un vote en cohérence avec notre position, explique l’élue PNC. Nous n’avons jamais été favorables au projet tel qu’il est porté depuis le début, qu’il s’agisse de son contenu comme de son coût."
S’agissant de la délibération examinée lors du conseil communautaire, Julia Tiberi s’interroge sur l’une des deux réserves émises par le commissaire enquêteur.
"Dans un courrier du préfet au président de la Capa, il est dit que la création d’une voie de bus du centre-ville vers Saint-Joseph devra être faite préalablement à la mise en service du téléporté. Peut-on nous assurer que cette réserve sera réellement levée en temps et en heure ?"
"Quel est donc l’intérêt de faire une enquête publique, si on passe outre ?"
Julia Tiberi
Selon ce courrier que nous avons pu consulter, il est indiqué que si la Capa "ne modifie pas son projet en fonction des réserves émises ou si elle ne se conforme que partiellement à ces réserves, l'avis du commissaire enquêteur sera réputé défavorable".
Or si l’utilité publique du projet n’est pas retenue, il n’est pas possible de procéder aux expropriations nécessaires à sa réalisation. "On nous dit que le préfet prendra quand même un arrêté de déclaration d’utilité publique, mais alors quel est donc l’intérêt de faire une enquête publique, si on passe outre ?", rétorque Julia Tiberi.
Débat public
L’élue demande l’organisation d’un débat public sur ce dossier. "On ne peut pas faire l’économie d’une explication pour la population", juge-t-elle.
En attendant, le projet avance.
La délibération votée par la Capa va être transmise au préfet de Corse, qui pourra alors rédiger un avenant au contrat de projet pour libérer une partie du soutien financier au titre du Ptic.
8 millions d’euros devraient être débloqués d’ici la fin de l’année. Le chantier, lui, pourrait démarrer début 2024.