À Ajaccio, le chantier de la future clinique privée Clinisud est en cours au quartier du Finosello. Mardi 8 février, les porteurs du projet ont fait un point sur l'avancée des travaux. L’établissement est destiné à améliorer et renforcer l’offre de soins dans le pays ajaccien d'ici fin 2023.
"Vu de derrière la palissade, on ne s’imagine pas que c’est si grand."
Difficile de contredire ce médecin venu visiter mardi matin le chantier de la future clinique d’Ajaccio. Effectivement, de l’extérieur, on ne se doute pas qu’une bâtisse de 11.600 mètres carrés est en phase de construction au quartier du Finosello, en bordure de rocade.
Mais une fois sur le chantier, l’envers du décor est là pour le confirmer : sous le "regard" de deux imposantes grues, des ouvriers s’affairent sur ce qui sera le rez-de-chaussée du futur établissement privé. "Le bâtiment se développe sur cinq niveaux : trois à partir du rez-de-chaussée et deux en sous-sol", explique Paul-Étienne Madotto, l'architecte de cette clinique qui va remplacer l’actuelle Clinisud, proche de l'hôpital de la Miséricorde.
Dirigée par les mêmes actionnaires qui portent le projet du Finosello, Clinisud "a aujourd’hui une taille sous-dimensionnée en termes de fonctionnalité, d’espace et de places de parking", indique son directeur Jean Canarelli, casque de chantier vissé sur la tête.
"En tant qu’actionnaires et investisseurs, poursuit le médecin biologiste, notre devoir est donc de continuer dans la voie qui était la nôtre, c’est-à-dire réinvestir dans un nouvel établissement. Aujourd’hui, l’un des enjeux de la santé publique est d’apporter à la population et aux médecins un véritable outil de travail neuf et récent, notamment en termes de E-santé, de bloc opératoire, de stérilisation et de confort pour les patients."
Financé à 90% par deux banques, puis par des aides complémentaires de la BPI (banque publique d’investissement) et de l’Agence Régionale de Santé, le projet devrait coûter près de 50 millions d’euros.
87 chambres
Initié en 2019, à la veille de la pandémie de Covid, le projet a été "gelé" pendant un an avant que les premiers blocs de béton sortent de terre. "Les travaux ont véritablement commencé l’été dernier, souligne l’architecte Paul-Étienne Madotto avant de situer l’emplacement du scanner et celui des douze salles d’opération réparties sur un plateau technique de 1.600 mètres carrés. À noter que le bâtiment accueillera également les futurs locaux de SOS Médecins.
"Là, pointe-t-il du doigt, sur la dalle de surface, il y aura le parking extérieur. Il y en aura également un en sous-sol de 4.500 mètres carrés. En tout, ça fera environ 250 places de stationnement." "C’est dix fois plus qu’à l'actuelle Clinisud", relève Jean Canarelli pour qui la question de l’accessibilité demeure essentielle.
"Quant aux 87 chambres et aux 99 lits, reprend Paul-Étienne Madotto, elles se situeront aux deuxième et troisième étages. Elles ont été conçues pour atteindre un standard plutôt hôtelier. Les salles de bain sont de très belles factures, avec des matériaux nobles. Il y aura aussi 22 lits en ambulatoire. Côté rocade, on a travaillé sur un mur extérieur végétal. Des panneaux solaires et photovoltaïques seront également installés."
"Un esprit de coopération"
Destinée à améliorer l’offre de soins dans la région ajaccienne, la construction de cette nouvelle clinique écoresponsable s'inscrit dans un contexte tendu en matière de santé. Mais si la crise sanitaire a - comme ailleurs - pointé les limites des structures existantes et vieillissantes, elle a aussi montré que le privé et le public savaient faire front commun en situation d'urgence.
"En termes de coopération entre les deux secteurs, on en a fait la preuve pendant cette période du Covid, souligne la directrice de l’ARS, Marie Hélène Lecenne. C’est une des caractéristiques de la Corse d’avoir cette importance de l’offre privée. Dans un esprit de coopération, on peut vraiment avoir l’ambition de développer de nouvelles filières et de nouvelles offres."
La situation du moment pourrait d’ailleurs s’y prêter avec le nouveau centre hospitalier d’Ajaccio dont le chantier - en retard de livraison - touche à sa fin. Situé sur la colline du Stiletto, le bâtiment est quant à lui entièrement sorti de terre.
Je ne conçois pas de compétition malsaine entre les deux secteurs.
Présent au Finosello ce mardi, le maire Laurent Marcangeli a lui aussi insisté sur cette coopération entre privé et public : "cette clinique va être un complément non négligeable par rapport à l’offre de soins publique. En tant que président du conseil de surveillance de l’hôpital de la Miséricorde, je ne conçois pas de compétition malsaine entre les deux secteurs. Il faut nécessairement avoir une offre de soins privée. Cette coopération entre les deux secteurs est indispensable parce qu'aujourd'hui, la santé est l'une des grandes préoccupations de nos concitoyens. À travers cette modernisation ici et au Stiletto, je crois qu'on va répondre à un enjeu de génération. Comme le disait le docteur Canarelli, ces équipements vont durer un demi-siècle."
Au Finosello, la clinique devrait accueillir ses premiers patients en fin d'année 2023.