Ce mardi 8 mars, environ 300 élèves des lycées Laetitia, Fesch et Saint-Paul à Ajaccio se mobilisent en soutien à Yvan Colonna et sa famille. Le 2 mars dernier le militant nationaliste a été la cible d'une tentative d'assassinat à la maison centrale d'Arles. Des échauffourées ont éclaté devant la préfecture de région.
Après Bastia, environ 300 élèves des trois lycées d'Ajaccio manifestent, ce mardi 8 mars, en soutien à Yvan Colonna et à sa famille. Une semaine plus tôt, le militant nationaliste a été la cible d'une tentative d'assassinat par un codétenu au sein de la maison centrale d'Arles où il était incarcéré depuis 2012.
Avant le début de la marche, derrière une banderole "Statu Francese Assassinu", une poignée d'entre eux ont pris la parole devant les grilles du lycée Laetitia. "La responsabilité de l'État est totale pour l'avoir laissé seul avec un radicalisé. Les surveillants n'ont pas regardé les caméras tout au long de sa tentative d'assassinat. De plus, l'État n'a fait aucune communication pour s'expliquer sur certains faits et envoie des centaines de militaires réprimer les Corses avec des armes de guerre utilisées à Corte, notamment des bombes assourdissantes qui ont déjà tuées à Notre-Dame-des-Landes", lance l'un d'entre eux qui appelle également à la démission du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, également ancien avocat d'Yvan Colonna.
Un blessé par un tir de LBD
Après avoir remonté le Cours Napoléon, les lycéens se sont rassemblés devant la préfecture de région où des échauffourées ont immédiatement éclaté. Selon les pompiers, un adolescent de 14 ans a été blessé au niveau de la gorge par un tir de LBD en début de matinée, il a été transporté vers le centre hospitalier d'Ajaccio.
Le mouvement des jeunes indépendantistes de Corse, Ghjuventù Libera a rapidement réagi sur Twitter.
Le Préfet de Corse-du-Sud a appelé à l'apaisement par voie de communiqué. Il déclare que le jeune "légèrement blessé" serait l'auteur d'un jet de cocktail molotov, auquel les policiers auraient répondu par un tir de flashball. Un second communiqué du représentant de l'État a été publié en fin d'après-midi, il dit notamment "comprendre la colère mais désapprouve les violences" et appelle une nouvelle fois au calme.
11 autres manifestants, entre 15 et 20 ans, ont également été pris en charge par les secours et transférés vers l'hôpital de la Miséricorde. Selon le service d'incendie et de secours de la Corse-du-Sud, quatre présentent des blessures liées à des tirs de LBD "sur tous les niveaux du corps". Un gendarme a également été légèrement blessé.
Vers 15 heures, le responsable du maintien de l'ordre a fait une tentative de médiation pour mettre fin aux violences.
La soeur d'Yvan Colonna appelle à l'apaisement
Une médiation qui n'a pas abouti. De nouveaux heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre en tout début de soirée. Dans le même temps, la soeur d'Yvan Colonna, Christine, a appelé à l'apaisement dans un tweet. "Nous sommes touchés par votre solidarité et par cette colère qui est la même que la notre. Mais soyez prudents et ne prenez pas de risques. Vos vies et votre santé nous importent plus."
Dans un tweet, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, écrit : "La mobilisation du peuple corse doit se poursuivre. Le Conseil exécutif appelle néanmoins les jeunes corses à ne prendre aucun risque et à ne pas mettre en danger leur intégrité physique. Il demande aux forces de l’ordre de cesser sans délai l’utilisation de moyens dangereux."
D'autres mobilisations à Bastia et Ghisonaccia
À 18 heures, la situation s'est également tendue devant la préfecture de Bastia. 200 jeunes s'y sont rassemblés et des échanges de projectiles, côté manifestants, et de gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes, côté forces de l'ordre, se sont tenus. Le préfet de Haute-Corse recommande d'éviter le secteur.
300 autres personnes se sont réunies à Ghisonaccia où la RT10 a été bloquée pendant un temps.
Depuis la tentative d'assassinat d'Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998, les manifestations de soutien au militant nationaliste se multiplient en Corse. La plus importante d'entre elles s'est déroulé à Corte, dimanche 6 mars. Elle a réuni environ 10.000 personnes et a également été marquée par des violences.
