Afin de freiner la propagation du coronavirus dans le pays, le gouvernement impose la fermeture des restaurants depuis de longs mois. En soutien au mouvement de "désobéissance civile" lancé par un restaurateur du Doubs, ce lundi 1er février, Nathalie Vicens, a ouvert son établissement à Ajaccio.
Sur les quelques tables de son restaurant, Nathalie Vicens dispose minutieusement les couverts, les serviettes, les verres et les carafes d'eau. "Ça fait du bien de retrouver les gestes", confie-t-elle enjouée.
Comme le veut le protocole sanitaire mis en place entre les deux confinements, seule une table sur deux est dressée, des masques sont mis à disposition tout comme du gel hydroalcoolique. Sur la gazinière, une casserole où mijotent des spécialités indiennes. "C'est mon plat du jour", lance fièrement la restauratrice.
Ce lundi 1er février, elle rouvre son établissement le temps d'une opération symbolique. Nathalie Vicens a invité six de ses amis pour le déjeuner. "Je suis l'appel d'un restaurateur du continent. On est en train de mourir et on espère qu'avec cette action les pouvoirs publics auront un électrochoc et trouveront une autre solution que la fermeture totale", livre la restauratrice.
1.500 euros d'aides par mois
Le 4 janvier dernier, Stéphane Tourillon, un restaurateur du Doubs lance un appel à la "désobéissance civile" des restaurateurs contre les restrictions sanitaires liées à la pandémie de coronavirus imposées par le gouvernement. Un groupe Facebook est créé : "Mon restaurant ouvre le 1er février". L'engouement des professionnels est total, 28.000 personnes s'inscrivent.
Interrogé sur le lancement du mouvement, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a déclaré au micro de RTL ce lundi : "C'est extrêmement dur pour les restaurateurs, moralement et économiquement […] mais ça ne justifie en rien de ne pas respecter les règles, qui sont des règles sanitaires. […] tous ceux qui restent ouverts seront suspendus pendant un mois de l'accès au fonds de solidarité et si jamais il y a récidive, il n'y auront plus accès du tout."
.@BrunoLeMaire : "Un restaurateur qui s'amuserait à rester ouvert, plus de fonds de solidarité pendant un mois, et si récidive, plus de fonds de solidarité du tout" #RTLMatin avec @VenturaAlba pic.twitter.com/sttoDRjprH
— RTL France (@RTLFrance) February 1, 2021
De son côté, Nathalie Vicens reçoit 1.500 euros d'aides mensuelles. "C'est assez pour payer les charges et le loyer, mais je ne tire aucun salaire", explique-t-elle. Depuis le 1er décembre 2020, le gouvernement a fait évoluer le fonds de solidarité. Ce dernier est ainsi ouvert à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Les demandeurs peuvent recevoir une aide allant jusqu'à 10.000 euros ou une indemnisation de 20 % du chiffre d'affaires mensuel dans la limite de 200.000 euros par mois.
Alors qu'elle prépare des chapati, du pain indien, une passante entre dans la boutique. Elle dit s'y arrêter régulièrement depuis le début de la crise sanitaire, "pour dire bonjour et la soutenir". La convivialité des restaurants lui "manque terriblement", et ne comprend pas pourquoi en France ces établissements sont encore fermés alors "qu'en Suède, à Malte ou encore en Italie, ils rouvrent".
"Mettre de la nourriture dans des boîtes, ce n'est pas notre métier"
Par passion pour son métier, Nathalie Vicens a ouvert sa cuisine durant toute la crise. Mais les commandes sont rares, elle prépare trois plats les meilleurs jours. "Mettre de la nourriture dans des boîtes, ce n'est pas notre métier. J'espère que le gouvernement nous aidera autrement que financièrement", s'inquiète-t-elle.
Midi, la première convive entre dans le restaurant. Elle s'installe près de la porte. Pour elle, aucun danger. "Ce n'est pas plus grave que d'être entassé dans le métro parisien. Les distances sont respectées et on suit les gestes barrières", estime-t-elle.
Nathalie Vicens sort de la cuisine, assiette à la main. La première depuis de longs mois. Mardi, elle reprendra ses commandes à emporter.