La fermeture du Grand Café Napoléon, à Ajaccio, n'est pas passée inaperçue. Construit il y a presque deux cents ans, ce lieu, considéré comme une institution, est indissociable de l'histoire urbanistique de la ville.
Fermé pour cause de faillite, le verdict est implacable, et difficile à entendre, à Ajaccio, pour tous ceux qui étaient attachés au Grand Café Napoléon.
« C’est une grande tristesse. C’est une image de la ville qui s’effondre. Le grand café Napoléon a marqué l’Histoire de la ville depuis 200 ans », regrette un Ajaccien.
L’établissement voit le jour durant la monarchie de juillet, vers 1830, et coïncide avec l'urbanisation du cours Napoléon, qui s’appelait alors le cours sainte Lucie.
Belle époque
La Belle Époque va lui amener la consécration. « C’est une période où les gens aimaient vivre dehors. Il y avait une salle de bal, il y avait également un restaurant à l’étage. L’habitude d’aller au café s’installe progressivement et c’est avec la promotion d’Ajaccio, station d’hiver, qui va durer de 1868 à 1916, il y a un besoin de paraître et de se retrouver dans des endroits où on peut se distraire », explique Pierre-Claude Giansily, historien de l’art.
Hôtels, restaurants, cafés, Ajaccio grouillait alors de vie. La ville, a continué à se transformer, perdant petit à petit tous ses lieux emblématiques : le théâtre Saint-Gabriel, l'hôtel Solférino puis les brasseries.
Dernier témoin de cette époque, le Grand Café Napoléon avait réussi, jusqu'à sa fermeture, à perpétuer cette tradition de bouche. Nul ne sait aujourd'hui, ce qu'il deviendra.