Attentat contre la maison de Simone Guerrini : au Conseil municipal d’Ajaccio, l’utilisation du mot « condamnation » en débat

Jeudi 13 avril le Conseil municipal d’Ajaccio a été marqué par la présentation de deux motions faisant référence à l’incendie qui a touché la maison de Simone Guerrini le week-end dernier. La question de la condamnation de l’acte était au centre des débats. Le soutien était néanmoins unanime.

Deux motions pour le même fait. Jeudi 13 avril, la majorité municipale a présenté une motion de « condamnation de l’attentat ayant visé la maison familiale de Simone Guerrini ». Dans la nuit du 9 au 10 avril, la villa familiale de la conseillère municipale en charge de la culture, a été fortement endommagée dans un incendie. Sur la façade, des tags « GCC » et « Speculatori Fora » ont été constatés. 

Le texte vise à « expliciter et à clarifier une position, explique le maire d’Ajaccio, Stéphane Sbraggia, dans la non-condamnation, on assiste aujourd’hui à un flottement. »

« Une fois qu’on a condamné, qu’est-ce que ça fait ? »

Avant même le vote de la motion, les deux groupes nationalistes ont annoncé qu’ils s’abstiendraient. S’ils partagent le fond, et soutiennent la conseillère municipale, ils ne s’accordent pas sur l’utilisation du mot « condamnation ». 

En conséquence, ces groupes ont présenté leur propre motion. « J’évacue le faux problème, de notre point de vue, du terme ‘condamnation’ érigé par certains en ligne de partage du bien et du mal dans un but bien souvent électoral, mais pas toujours. Nous n’avons jamais condamné personne, jamais sollicité la condamnation de personne, nous ne nous sentons pas l’âme d’un procureur, pas l’âme d’un magistrat, pas l’âme d’un tribunal », explique Jean-François Casalta, élu PNC et membre du groupe d’opposition  Aiacciu.

Tout en soutenant la conseillère municipale, Jean-Michel Simon, élu Corsica Libera et membre du même groupe d’opposition, considère « qu’il faut chercher les causes et pourquoi on en arrive à des situations de violence ». « Que se passe-t-il actuellement pour que le jeu soit aussi troublé ? C’est cette analyse-là qu’il faut faire, plutôt que de faire marcher la machine à condamnation. Parce qu’on condamne et puis quoi ? Une fois qu’on a condamné, qu’est-ce que ça fait ? La personne est certainement touchée, elle est contente, mais ça ne fait pas avancer la situation », souligne-t-il.

« La prochaine étape, c’est quoi ? »

Un positionnement auquel s’attendait le maire d’Ajaccio. Il précise néanmoins : « Je trouvais que c’était mal venu de disserter sur des termes appropriés ou pas appropriés. Le fait de condamner, c’est le fait de refuser cet acte qui ne va pas dans le sens de la façon dont on entend assurer la prospérité de notre ville. » Dans le même temps, il espère « une prise de conscience collective ». « C’est une atteinte aux personnes, c’est grave. La prochaine étape, c’est quoi ? La perte d’un être humain ? Ne refaisons pas l’histoire de ce qui n’a pas marché. Il faut en tirer des leçons très importantes et on a des besoins de réponses en termes de sécurité et de justice », estime l’édile.

Des idées que partage le député de la 1re circonscription de Corse-du-Sud et ancien maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, présent lors du Conseil municipal. « Je condamne et j’espère que les personnes qui font ça seront interpellées, jugées, condamnées. » Selon lui, « il faut dire les choses ». « Lorsqu’elles sont très mal, il faut les dénoncer et les condamner. Je crois que nos concitoyens n’ont que faire de ces débats sémantiques », défend-il.

C’est votre maison, ce n’est pas une résidence secondaire. Vous en faites ce que vous voulez. [...] J'ai l'impression que c'est à vous de vous justifier

Etienne Bastelica, seul élu de gauche au conseil municipal

Seul élu de gauche au sein du Conseil municipal d’Ajaccio, Etienne Bastelica a également apporté son soutien à la famille Guerrini. « C’est votre maison, ce n’est pas une résidence secondaire. Vous en faites ce que vous voulez. C’est un point extraordinaire, je vais monter une affaire, je dois demander l’autorisation aux uns et aux autres de savoir combien je vais vendre de repas, combien je vais vendre de voitures pour qu’il y ait plus ou moins d’embouteillages à Ajaccio. C’est exactement la même chose. J’ai l’impression que c’est à vous de vous justifier », déclare-t-il en séance en s’adressant à Simone Guerrini.

Si la conseillère municipale a remercié tous les soutiens reçus en séance, elle précise ne pas se sentir prête à pardonner le ou les auteurs des faits. 

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